Rien n'a bougé depuis la maquette. Et Alex W. Inker a de quoi se réjouir puisque après avoir été remarqué au dernier festival de la BD d'Angoulême, il a reçu le Prix Polar SNCF 2017 pour cet ouvrage.
Apache (voyou en argot) est une BD sombre et sourcée qui s'ancre dans le Paris des années 30 et met en scène des personnages désaxés au funeste destin.
Paris, début des années 1920. Un vieux bouclard du quartier de la Bastille. Un serveur derrière le comptoir nettoie ses verres en rêvant, manches relevées, tatouages apparents sur des bras musclés et blancs. La nuit est tombée, la porte s’ouvre. Entre une très jeune et très jolie métisse, cheveux courts, garçonne, la silhouette fine. La femme est accompagnée d’un homme d’un certain âge, gros, riche, transpirant et essoufflé. Son micheton sans doute. Bientôt viendra les rejoindre le chauffeur de l’homme riche, aussi louche que patibulaire… Dans un huis clos étouffant leurs histoires vont se mêler, histoires de tranchées, de vols, de courses, de frangins, d’amour et de trahison. Au bout, il y aura la mort pour deux des quatre protagonistes. Oui, mais pour qui la faucheuse ?
Il s'appelle
Alexandre Widendaele mais estimant son patronyme difficilement prononçable il a pris comme nom de plume W. Inker, pour affirmer son goût pour l'encrage, et en a profité pour raccourcir son prénom.La BD, il la connait depuis toujours et n'a jamais cessé de dessiner, mais à sa sortie
de l’Institut Saint-Luc de Bruxelles en Bande dessinée en 2006, il enchaine sur un Master 2 de cinéma, et devient ensuite professeur à l’université de Lille 3 où il enseigne à ses élèves les liens entre cinéma et BD.Et puis, un jour, il décide de faire sa bande dessinée. Premier geste : s'acheter un Moleskine, vous savez, la marque légendaire qui fait référence à un de ces carnets
des artistes et des intellectuels des deux derniers siècles, de Vincent Van Gogh à Pablo Picasso, en passant par Ernest Hemingway et Bruce Chatwin qui lui donne son nom dans Le chant des pistes. Un simple rectangle noir, des angles arrondis, une couverture retenue par un élastique, une pochette intérieure.L'objet seul ne suffisait pas. Par hasard, ou par chance, un numéro de L’Illustration datant de 1932 se trouvait à portée de main. Il y était question d'une course hippique à Longchamp Cela pouvait être un début. Ensuite le scénario et les personnages puisent largement dans l’univers du film noir. Alex s'est documenté sur les années 30 et sur Cayenne. Puis il s'est laissé influencer par ses lectures, Albert Londres sur l’histoire des bagnes, Genevoix et Jünger pour la Première Guerre mondiale,et Céline dont il venait d'achever Mort à crédit.
Alex a déjà réalisé le prochain, Panama Al Brown, l’énigme de la force, qui paraîtra bien entendu lui aussi chez Sarbacane le 06 septembre prochain. Souhaitons que le résultat soit aussi surprenant et audacieux !