Critique du Dictionnaire amoureux du théâtre de Christophe Barbier, vu le 16 juillet 2017 à la Condition des Soies
De et avec Christophe Barbier
J’ai lu plusieurs morceaux de ce Dictionnaire, que je conseille d’ailleurs à tous les amateurs de théâtre (peut-être qu’à force d’en lire des bouts je l’ai lu en entier en fait, comment savoir ?), et c’est la raison pour laquelle j’ai été attirée par ce spectacle, qui cherche à mettre en scène le bouquin, ou en tout cas certains extraits. J’étais également intriguée par Christophe Barbier, dont le parcours me fascine évidemment – qui ne rêverait pas d’être successivement auteur, acteur, et critique ? – et j’avais très envie de le voir sur scène. Ces deux conditions réunies, qu’est-ce qui m’empêchait de me rendre à la Condition des Soies, puisque j’avais la chance d’être sur place un des jours où le spectacle se donnait ?
D’abord, il faut savoir que le spectacle se donne dans un lieu magnifique, qui m’est apparu d’autant plus beau qu’il était inattendu puisque je pensais me rendre dans ce théâtre que je connais bien. Je me suis en fait retrouvée dans un petit appartement charmant, pour assister dans les conditions idéales à ce qu’on appelle du théâtre de salon.
Il entre. Costume du 17e, il entame son spectacle sur un extrait de L’Impromptu de Versailles. Il enchaînera en citant Guitry, Artaud, Terzieff, et, évidemment, lui-même. Il n’est d’ailleurs absolument pas en reste : ses écrits sur le théâtre sont non seulement ceux d’un passionnée, mais également ceux d’un homme à la plume incisive, intelligente et fluide. La première partie de son spectacle consiste donc à mettre en espace certains des meilleurs passages du Dictionnaire, comme celui sur le trou, tellement parlant, ou sur le trac. Les mots sont justes, la langue admirable, le style loin d’être pompeux. C’est un régal. S’ensuit une petite causerie sur le théâtre, son évolution, son lien étroit avec la politique. Passionnante.
Je sais en réalité peu de choses sur Christophe Barbier, sinon qu’il a été directeur de l’Express. Mais j’ai été absolument conquise par ce petit morceau en sa compagnie. C’est réellement un moment de partage, car il parle avec les yeux brillants de la folie du passionné, nous questionne, joue avec nous. Le plaisir semble planer dans ce petit salon où je découvre non seulement l’homme passionné qu’est Barbier, mais également l’excellent comédien qui se cache derrière lui. Présence indéniable, charisme fou, incarnation parfaite. Une très belle découverte.
Un petit moment hors du temps. Bijou de ce Festival. ♥ ♥ ♥