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Auteur : Dario Alcide
Édition : 404Parution : 2017
Pages : 240Prix : 11,95 €
Genre : Science-Fiction
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ereban, à l’origine, est une ville qui ne paye pas de mine… Mais le jour où l’on découvre un nouveau gisement d’akos, la vie va se transformer dans cette petite ville côtière. Les bouleversements de cette découverte vont, petit à petit, modifier l’économie et le fragile équilibre politique international. Pour maintenir sa suprématie, l’Empire est prêt à tout, même à déclencher une guerre…
Articles de journaux, cartes postales, discours d’inauguration, extraits de journaux intimes, tchats : découvrez le destin de cette ville à travers une narration fascinante et innovante !
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ereban, c'est l'histoire d'une petite société d'extraction de minerai qui va faire trembler un Empire tout entier. Car dans la ville de Kereban est découverte une nouvelle mine d'akos, un minerai auparavant essentiel pour le fonctionnement des voitures, machines, etc. mais qui est quasi épuisé et dont le prix devient de plus en plus élevé. En conséquence, les Etats, et notamment l'Empire voisin (de l'autre côté de la mer), ont investi dans d'autres types d'énergie et commencent tout juste à commercialiser ces nouvelles technologies. Alors quand cette mine d'akos est découverte, son exploitation met en péril toute l'économie de l'Empire....
Tous les moyens sont bons pour empêcher la mine de tourner : les accidents se multiplient, puis finissent par être clairement revendiqués comme des attentats, pour terminer sur une guerre dans laquelle chaque habitant de la planète se verra embarqué tôt ou tard... La guerre ne se joue pas qu'au niveau militaire, et la manipulation de l'information fait également partie du lot : censure, diffusion de fausses informations pour minimiser l'impact de la nouvelle mine d'akos sur l'économie, ou pour rassurer les foules sur l'issue du conflit...
Kereban joue d'ailleurs avec les différents véhicules d'information et propose un récit unique en son genre, une narration atypique basée sur tout un tas de supports qui se suivent chronologiquement et finissent par dérouler une histoire : extraits de journaux, rapports militaires, conversations privées sur un tchat, blog personnel, journal de bord, page Wikipédia, échanges de mails... L'ensemble est vraiment bien fait, car l'utilisation de ces formats attise la curiosité, maintien en situation de découverte permanente et empêche le lecteur de s'ennuyer.
La lecture est du coup très différente de ce dont on a l'habitude, et c'est assez déstabilisant au départ. Par exemple, il n'y a pas de narrateur à proprement parler. C'est au lecteur de faire le lien entre les différents supports présentés, de recouper les informations, de dérouler l'intrigue comme une enquête. Cependant, la plupart des supports finissent par réapparaître tout au long du récit ; et parfois on attend ces éléments avec hâte, pour savoir ce qui est arrivé à tel ou tel personnage.
Car oui, au milieu de toutes ces sources d'information se dégagent quelques personnages : plusieurs soldats, une infirmière, des employés de la mine, des habitants de Kereban, des citoyens de l'Empire, des membres du Conseil de l'Empire, etc. Ce sont ces personnages qui donnent un peu d'âme au récit, car le principal bémol pour moi a été le manque d'émotions. Cela s'est arrangé sur la fin du récit, mais le fait de passer par différents supports souvent non personnalisés ne permet pas au lecteur de s'identifier à la situation et de s'attacher aux personnages, de les connaître. Malgré tout, certains supports plus personnels comme des blogs ou des rapports (qui apparaissent comme une sorte de journal intime) permettent de palier un peu à ce défaut.
Kereban est un récit qui met en scène des éléments très actuels et politiques d'une manière percutante, qui interpelle. La narration, atypique et innovante, se compose de différents supports tels que des extraits de journaux, des rapports, des conversations privées par mail ou tchat. Avec cette structure narrative, le lecteur est pris à partie et doit lui-même tisser les liens entre les différentes sources d'information. Si cette manière de lire est un peu déstabilisante au départ, on se prend vite au jeu. Le seul inconvénient de ce mode de narration, c'est qu'il se fait au détriment de l'émotion : si on finit par s'attacher à certains personnages qui apparaissent de manière récurrente dans le récit, ils nous restent quand même assez distants, et on en sait peu sur eux. J'ai apprécié l'expérience et la renouvellerait avec plaisir !
7.5/10