Subjugué ! C’est probablement l’adjectif qui convient pour qualifier Joseph Banks par rapport aux objets réalisés par les Maori.
Dans son Journal, on peut admirer le soin qu’il apporte à décrire ce qu’il a observé de la fabrication des tapa, comment les Maori savaient utiliser les teintures avec des couleurs délicates, combien complexes étaient leurs conventions, leurs rituels dans lesquels ces étoffes entraient... et ces armes incroyables... pas véritablement fonctionnelles, mais des trésors qu'on se transmettait de génération en génération. Quelles merveilles !
Parmi les objets collectés lors du premier voyage de Cook et que Jeremy Coote a identifiés dans les collections du Pitt Rivers Museum, on trouve cinq armes maori (les Wahaika, Kotiate et Patu) : trois en bois, une en os de baleine et une en basalte.
Les wahaika sont les massues courtes incurvées (type de gauche sur le dessin ci-dessus), les kotiate sont renflées au milieu (celle du centre) et les patu, les plus simples (celle de droite).
Ci-contre différents modèles que possède le Pitt Rivers Museum (resp. PRM 1887.1.388, PRM 1887.1.393, PRM 1887.1.389, PRM 1887.1.387 et PRM 1887.1.714).
C’est justement le dernier modèle de massue (celle en basalte) que Joseph Banks allait choisir pour faire réaliser des répliques, « anglaises » et en laiton, qui seront emportées lors du second voyage.
On sait maintenant que Banks n’a pu embarquer pour la seconde expédition suite à des querelles avec Cook et l’Amirauté (il avait trop d’exigences matérielles sur la vie à bord), mais 40 massues en métal étaient prêtes.
En 1772, elles ne prirent pas la mer.
L’idée de faire des répliques en métal d’objets polynésiens n’était pas une nouveauté : James Cook n’avait-il pas emporté pour la première expédition une réplique métallique d’une hache tahitienne collectée par le Capitaine Samuel Wallis commandant le Dolphin en juin 1767 ?
Si ces répliques de massue ne rentrent pas dans le corpus des objets polynésiens des voyages de Cook, il n’en demeure pas moins intéressant de savoir ce qu’elles sont devenues…
C’est déjà en Nouvelle-Zélande que nous allons en retrouver !
Rickman rapporte que le 23 février 1777, alors que les bateaux relâchaient dans le Queen Charlotte Sound, en Nouvelle-Zélande, un vieux chef en reçut une des mains de Clerke en remerciement d’un ensemble complet d’armes maories.
Joseph Banks avait en effet attendu la troisième expédition de Cook et avait confié un certain
Combien ? On ne sait pas. On ne sait pas non plus ce qu’il fit de celles qu’il conserva à Londres.
Mais regardons de plus près ces objets.
Ces « répliques » sont longues d’environ trente-six centimètres, larges de dix centimètres et mentionnent son nom, son blason, et la date de 1772.
Dans quel dessein ?
Lui servir de passeport prestigieux, « Lui », le digne ambassadeur de la technologie anglaise de l’époque ?
En tout cas, il ne s’agissait nullement d’impressionner les indigènes car dès le second voyage des centaines d’outils en métal avaient été fabriqués et embarqués afin de servir de monnaie pour les échanges, le commerce. Le but était bien autre…
à suivre...
Une première note sur ce sujet avait été écrit sur le blog en 2010.
Photo 1 : Planche de massues de Nouvelle-Zélande planche 14 © Hawkesworth (reprise Miller).
Photo 2 : © PRM 1887.1.388
Photo 3 : © PRM 1887.1.393
Photo 4 : © PRM 1887.1.389
Photo 5 : © PRM 1887.1.387
Photo 6 : © PRM 1887.1.714
Photo 7 : Réplique de patu © PRM 1932.86.1