Song To Song fait partie de ces films de début d'été qui sont annoncés depuis un bail et qu'on attend avec impatience parfois. Et puis soudain, les critiques ne sont plus si bonnes, les amis disent qu'il n'est pas terrible, et qu'on pourrait s'en passer. Pour d'autres, Song To Song est le film qu'on n'avait pas forcément envie d'aller voir. Mais à la faveur d'un soir pluvieux, on s'est laissé tenter. Parce que tant de grands noms, parce que la promesse d'un film musical, etc. Alors oui ou non, vaut-il le coup qu'on se déplace ? Pour toi, on essaie de répondre à cette question.
On sait à quoi s'attendre avec Malick. La forme plus importante que le fond. On n'y coupe pas. Les quinze premières minutes du film sont nécessaires à s'habituer aux mouvements de caméra incessants sur du gros plan. Si la nausée guette, on finit par prendre le pli. Mais commence alors la difficile tâche de comprendre ce qu'il se passe. Chronologie floue, lien entre les protagonistes pas toujours très clairs, la première partie du film est une telle série de plans potentiellement indépendants que l'impression laissée est claire : on est dans une publicité pour parfum d'une marque de luxe. Les villas de milliardaires et piscines grand luxe sont là pour le prouver.
D'une pauvreté absolue, forcément. Deux artistes en devenir tombent amoureux et doivent affronter un monde impitoyable, celui de l'industrie musicale. Laisse-nous te dire que le scénario dans son intégralité est un ramassis de clichés. Producteur véreux qui vole la propriété intellectuelle de son poulain, personnage féminin qui trompe son merveilleux petit ami avec le producteur dans l'espoir de réussir, maman pas contente que son fiston sorte avec une femme plus âgée, serveuse qui a loupé sa vie et saute sur le premier homme venu qui la sortira de là, veuve au fond du trou qui est devenue prostituée... C'est l'accumulation. Alors oui, Terrence Malick peut emballer ça sous les grands mots, les fausses justifications, les belles images... Trop, c'est trop. Et on ne te spoile pas la merveilleuse morale de l'histoire.
Plus de 2h. Il paraît que le premier montage durait 8h, et que les coupes ont été sévères, au point de faire disparaître des acteurs tels que Christian Bale ou des groupes tels qu'Arcade Fire. C'est à se demander ce qui a motivé les choix de Terrence Malick, au vu du peu d'intérêt des scènes de Cate Blanchett ou de Bérénice Marlohe. Ajoute à cela la mono-expression de Rooney Mara tout au long du film, les plans multiples sur les ventres féminins, et la narration récitée en voix-off, et tu risques bien de trouver le temps long. Très long.
Les habitudes de Terrence Malick vs les surprises musicales
On ne va pas se mentir, c'est ce qui attire en premier. Michael Fassbender est " le grand méchant " du film, le producteur sans limite, sans morale, sans conscience, qui utilise les gens et les plie à son bon vouloir. Séduisant et manipulateur. A ses côtés, Nathalie Portman est sublime. L'aura qu'elle dégage évolue avec son personnage, dans une grâce et une beauté à couper le souffle. Et Ryan Gosling, ici, trouve un rôle de musicien qui nous enchante. Tantôt au piano, tantôt à la guitare, on l'entend jouer et chanter pour notre plus grand plaisir. De quoi nous rappeler ses performances artistiques dans Dead Man's Bones ou Blue Valentine.
Austin est sans aucun doute l'une des villes les plus musicales des Etats-Unis. Aux scènes de festival du film viennent s'ajouter pléthore d'artistes de renom : Black Lips, Florence Welsch, Red Hot Chili Peppers, John Lydon... Mais surtout, trois musiciens marquent par leur passage. Lykke Li joue ainsi ici son premier rôle au cinéma, en incarnant l'ex de Ryan Gosling et en interprétant au passage avec lui une jolie reprise de Bob Marley. Patti Smith raconte avec émotion sa relation avec son mari maintenant décédé. Et Iggy Pop se permet une petite anecdote sur les producteurs ciné qui se paient les services de rock stars pour apparaître dans leurs films. Autodérision de Terrence Malick ? Peut-être. Mais tout de même. Ce sont bien toutes ses apparitions qui rendent le film intéressant.
Elle allie musiques actuelles et musique classique. Die Antwoord, Claude Debussy, Iggy Pop & The Stooges, Lykke Li, Camille Saint-Saëns, Patti Smith, ... Forcément, on craque.
Résultat : Match nul pour Song To Song. Désolé. On va te laisser décider.