Salut à tous,
Du site Brooks :
¨ L`île japonaise d’Okinoshima vient d’être inscrite au Patrimoine mondial
de l’humanité. Ce lieu sacré du culte shinto porte selon l’Unesco
une « valeur universelle exceptionnelle ». Elle n’est pourtant habitée
que par un unique prêtre. Une situation que lui envierait presque Edgar
Allan Poe. Dans sa nouvelle « L’île de la fée », il souligne à quel
point la solitude est essentielle à la contemplation de la nature. Mais
est-il vraiment seul ?
La Musique, dit Marmontel, dans ces Contes moraux que nos traducteurs persistent à appeler Moral Tales, comme en dérision de leur esprit, la musique est le seul des talents qui jouisse de lui-même ; tous les autres veulent des témoins. Il confond ici le plaisir d’entendre des sons agréables avec la puissance de les créer. Pas plus qu’aucun autre talent,
la musique n’est capable de donner une complète jouissance, s’il n’y a
pas une seconde personne pour en apprécier l’exécution. Et cette
puissance de produire des effets dont on jouisse pleinement dans la
solitude ne lui est pas particulière ; elle est commune à tous les
autres talents.
L’idée que le conteur n’a pas pu concevoir clairement, ou qu’il a sacrifiée dans son expression à l’amour national du trait,
est sans doute l’idée très soutenable que la musique du style le plus
élevé est la plus complètement sentie quand nous sommes absolument
seuls. La proposition, sous cette forme, sera admise du premier coup par
ceux qui aiment la lyre pour l’amour de la lyre et pour ses avantages
spirituels. Mais il est un plaisir toujours à la portée de l’humanité
déchue, — et c’est peut-être l’unique, — qui doit même plus que la
musique à la sensation accessoire de l’isolement. Je veux parler du
bonheur éprouvé dans la contemplation d’une scène de la nature. En
vérité, l’homme qui veut contempler en face la gloire de Dieu sur la
terre doit contempler cette gloire dans la solitude.
Pour moi du moins, la présence, non pas de la vie humaine seulement,
mais de la vie sous toute autre forme que celle des êtres verdoyants qui
croissent sur le sol et qui sont sans voix, est un opprobre pour le
paysage ; elle est en guerre avec le génie de la scène.
Oui vraiment, j’aime à contempler les sombres vallées, et les roches
grisâtres, et les eaux qui sourient silencieusement, et les forêts qui
soupirent dans des sommeils anxieux, et les orgueilleuses et vigilantes
montagnes qui regardent tout d’en haut. — J’aime à contempler ces choses
pour ce qu’elles sont : les membres gigantesques d’un vaste tout, animé
et sensitif, — un tout dont la forme (celle de la sphère) est la plus
parfaite et la plus compréhensive de toutes les formes ; dont la route
se fait de compagnie avec d’autres planètes ; dont la très douce
servante est la lune ; dont le seigneur médiatisé est le soleil ; dont
la vie est l’éternité ; dont la pensée est celle d’un dieu, dont la
jouissance est connaissance ; dont les destinées se perdent dans
l’immensité ; pour qui nous sommes une notion correspondante à la notion
que nous avons des animalcules qui infestent le cerveau, — un être que
nous regardons conséquemment comme inanimé et purement matériel, —
appréciation très semblable à celle que ces animalcules doivent faire de
nous.
Ce fut dans un de mes voyages solitaires, dans une région fort
lointaine, — montagnes compliquées par des montagnes, méandres de
rivières mélancoliques, lacs sombres et dormants, — que je tombai sur
certain petit ruisseau avec une île. J’y arrivai soudainement dans un
mois de juin, le mois du feuillage, et je me jetai sur le sol, sous les
branches d’un arbuste odorant qui m’était inconnu, de manière à
m’assoupir en contemplant le tableau. Je sentis que je ne pourrais le
bien voir que de cette façon, — tant il portait le caractère d’une
vision¨... ( Voir l`article au complet )
http://www.books.fr/ile-soi-seul/
Pégé
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