Critique de Cour Nord, d’Antoine Choplin, vu le 14 juillet 2017 au Théâtre Alizé
Avec Clémentine Yelnik, Antoine Chalard, et Florent Malburet, dans une mise en scène de Antoine Chalard
Pour mon premier spectacle du Festival, j’ai choisi une pièce dont je ne sais rien. C’est en parcourant le programme du OFF que je suis tombée sur cette affiche, qui a tout de suite attiré mon regard : découpée en deux parties, elle exprime clairement les deux aspects qui s’affronteront au cours du spectacle, la monotonie de l’usine face à la liberté de la musique. Intriguée, j’ai décidé de découvrir cette proposition.
On se retrouve dans une usine en grève depuis un certain temps déjà. On comprend vite que derrière Gildas, le père de Léopold, qui est à la tête des revendications, les salariés commencent à s’agiter et à trouver la grève longue. Gildas, lui, ne comprend pas que les autres ne veulent pas se battre, comme lui, jusqu’au bout, pour revendiquer leurs droits. Mais ce qu’il ne comprend pas, surtout, c’est pourquoi son fils est si différent de lui et préfère jouer de la musique plutôt que rester à ses côtés.
J’avoue que le sujet m’a laissée un peu de marbre – même si on devrait tous se sentir concernés par ces sujets de société, ce genre de thème me laisse assez froide en général. Cependant, je dois reconnaître qu’il y a de beaux moments d’ode à la liberté, qui passent par le texte comme par la musique – quel plaisir de retrouver Les Mains d’Or de Lavilliers, par exemple ! Le débat évolue de façon intelligente, amenant la question de l’utilité de l’art par rapport aux ouvriers, qui ne parviennent à passer au premier plan des journalistes. Mais on aurait aimé que cet affrontement entre un père aussi investi dans sa grève et un fils aussi passionné par sa musique aille plus loin, que la musique prenne réellement possession de la salle et que les acteurs aillent jusqu’à jouer de la musique live !
Mais si je suis restée un peu sur ma faim pour ce qui est de l’aspect musical, je dois dire en revanche que je suis complètement séduite par les trois comédiens qui portent la pièce. Deux d’entre eux incarnent plusieurs personnages et je suis tout particulièrement impressionnée par l’acteur incarnant Gildas, qui de sa voix profonde marque un homme usé par le temps, et qui se transforme en pianiste du groupe de Leopold, beaucoup plus humain, beaucoup plus vivant.
Une jolie proposition, mais on reste un peu sur sa faim. ♥