Critique de Résistantes, de Franck Monsigny, vu le 14 juillet 2017 au Théâtre du Roi René
Avec Caroline Filipek, Manuel Sinor, Franck Monsigny, Maud Forget, Sandra Dorset, Lénie Chérino, dans une mise en scène de Stanislas Grassian assisté d’Inès Guiollot
Encore un spectacle que le hasard de mon parcours du programme a mis sur ma route. Je me fis peut-être trop aux affiches pour choisir mes spectacles – encore que c’est assez instinctif lorsqu’on essaie de ne pas perdre trop de temps à travers ces 1500 spectacles que de faire un premier tri en fonction d’un sens plutôt fidèle, la vue. Bref, dans mon délire féministe du moment, et toujours très intéressée par les histoires de résistances – je ne saurais d’ailleurs que trop conseiller Adieu Monsieur Haffmann qui est repris cette année au Théâtre Actuel – je me suis rendue pour la première fois de mon séjour au Roi René.
En réalité, on retrouve dans cette pièce un peu de cet Haffmann dont je parlais à l’instant. Une jeune femme résistante, ayant aidé des juifs à fuir le régime de Vichy, est recherchée par les Allemands. Dans sa fuite, elle se retrouve dans un bordel, Le petit soleil. Monsieur Maurice, le tenancier du lieu, qu’on comprend être redevable de quelque action à son mari, accepte de la cacher ici le temps qu’elle puisse fuir en zone libre, même si cela met en danger l’ordre des choses…
Evidemment, on devine le genre d’affrontement qui va pouvoir arriver et entraîner de beaux moments de théâtre. « Si vous étiez entré dans une église, vous vous seriez habillée en nonne ? Ben là, vous êtes dans une maison close », assène Monsieur Maurice. Geneviève, comme elle se fait appeler, va-t-elle aller jusqu’à se faire passer pour une péripatéticienne pour sauver sa vie ? Quelle devient alors la limite en résister et survivre ? Si j’ai eu du mal à rentrer dans l’histoire au début, trouvant qu’elle dessinait les personnages de manière trop grossière et nous rabâchait une éternelle histoire de résistance avec tous ses lieux communs, accusant l’ignorance de tous les maux de l’époque, j’ai finalement été prise par cette histoire.
Un moment particulier m’a mis dans l’ambiance : les prostituées se mettent à chanter Mon Homme de Mistinguett, et tout d’un coup la vie semble animer la scène qui jusque-là manquait d’âme. Je regrette notamment le fait que l’actrice incarnant Geneviève mette un peu de temps à prendre de l’assurance. Finalement, entourée de deux actrices incarnant les femmes du lieu, elles arrivent à créer le malaise et jusqu’à la surprise au fil des rebondissements de l’intrigue, dans laquelle on rentre pour ne plus en sortir jusqu’à la fin, émus.
Une histoire inhabituelle qui met en avant le combat des femmes à travers ce métier qui pourtant est si dégradant, celui de putain. ♥ ♥