Cet antiépileptique à large spectre, le lévétiracétam, avait déjà montré, chez des patients atteints de déficience cognitive légère, sa capacité à restaurer la mémoire visuelle et à calmer une hyperactivité liée au déclin cognitif dans une zone du cerveau. Cette étude préclique du Beth Israel Deaconess Medical Center (Boston) confirme sa capacité à restaurer l'activité cérébrale normale dans la maladie d'Alzheimer légère. Des résultats cohérents avec le lien déjà documenté entre une excitation cérébrale de type crises, et le risque accru d'épilepsie constaté chez les patients atteints d'Alzheimer. Ces données présentées dans le Journal of Alzheimer's Disease (JAD) montrent que le lévétiracétam normalise les fréquences des ondes cérébrales chez les patients atteints de la maladie d'Alzheimer.
Au cours de ces 10 dernières années plusieurs études ont lié l'activité de type crise d'épilepsie dans le cerveau à certains types de déclin cognitif observé chez les patients atteints de la maladie d'Alzheimer. Les patients souffrant de la maladie d'Alzheimer présentent également un risque accru d'épilepsie et près de la moitié d'entre eux connaissent une activité épileptique sub-clinique c'est-à-dire qui n'entraîne pas de crises mais est visible à l'électroencéphalogramme (EEG) ou autre technique d'analyse cérébrale. Ces scientifiques cliniciens du Beth Israel Deaconess Medical Center (BIDMC) testent ici l'antiépileptique lévétiracétam pour son impact possible sur l'activité cérébrale chez les patients atteints d'Alzheimer léger. L'équipe constate via EEG des changements dans l'activité cérébrale des patients qui suggèrent que le médicament pourrait bien avoir un effet bénéfique.
L'étude a été menée en double aveugle sur un petit groupe de patients atteints de maladie d'Alzheimer légère reçus en visite à 3 reprises au BIDMC. À chaque visite, les patients ont passé un EEG pour mesurer l'activité électrique dans le cerveau. Puis, les participants ont reçu des injections contenant soit un placebo soit le lévétiracétam, à une dose faible (2,5 mg / kg) ou à une dose plus élevée (7,5 mg / kg). Ni les patients ni les professionnels de la santé ne savaient ce que les patients recevaient, lévétiracétam ou placebo, mais chaque patient a finalement obtenu chaque type d'injection mais dans un ordre aléatoire. Après avoir reçu l'injection, les patients ont passé un autre EEG, puis une IRM, afin de mesurer le flux sanguin dans le cerveau. Enfin, les participants ont passé des tests cognitifs de mémoire, fonctionnement exécutif, dénomination, capacité visuo-spatiale et fonction sémantique, soit les principales capacités cognitives affectées dans la maladie d'Alzheimer.
L'antiépileptique normalise l'activité cérébrale : Si seuls 7 patients ont achevé l'ensemble du protocole d'étude, sur ce petit échantillon, les doses plus élevées de l'antiépileptique permettent de normaliser les anomalies observées dans les EEG des patients. Concrètement, l'antiépileptique permet de normaliser les fréquences des ondes cérébrales, anormalement élevées ou anormalement faibles chez ces patients atteints. Cependant, l'étude ne constate pas d'amélioration de la fonction cognitive après une seule dose d'antiépileptique.
D'autres recherches restent donc nécessaires, et sur un échantillon plus large, avec des résultats qui ouvrent une toute nouvelle voie thérapeutique possible, distincte des stratégies anti-tau ou anti-amyloïde.