[Critique] La Planète des Singes – Suprématie

Par Wolvy128 @Wolvy128

Les Singes et César (Andy Serkis) sont sauvagement attaqués par une armée humaine. A la tête de celle-ci, un colonel impitoyable (Woody Harrelson) qui prône leur destruction. Déchiré entre ses instincts les plus sombres et sa volonté farouche de protéger les siens, César construit sa vengeance. Le duel entre les deux leaders déterminera le destin de chaque espèce et l’avenir de la planète.

Troisième volet d’une franchise relancée avec succès en 2011, La Planète des Singes – Suprématie avait tout du blockbuster classique sur le papier : de gros moyens financiers, de superbes effets spéciaux et de l’action spectaculaire. En finalité, ce nouvel épisode va toutefois bien au-delà du simple blockbuster hollywoodien.

En refusant de tomber dans la facilité en s’abandonnant à de l’action incessante, le réalisateur Matt Reeves livre en effet un long-métrage intimiste, qui poursuit brillamment les thématiques exposées dans les précédents opus. A travers l’épopée éprouvante de César, il développe des enjeux dramatiques forts, qui trouveront leur apogée dans l’intense confrontation finale. Plus noir et pessimiste que les volets antérieurs, le film propose une vision très tourmentée du conflit, humains comme singes s’avérant torturés par les épreuves à surmonter. En cela, il risque de grandement dérouter les spectateurs simplement venus chercher un divertissement spectaculaire. Pour les autres, le plaisir est en revanche au rendez-vous puisqu’en se focalisant ainsi totalement sur le point de vue des singes, et plus particulièrement sur celui de César, le récit se révèle nettement plus profond. Pour autant, il regorge tout de même de moments plus légers grâce, notamment, à l’introduction d’un nouveau singe hilarant. Pas forcément indispensable à l’histoire, celui-ci apporte effectivement une touche d’humour bienvenue.

Si le film fonctionne aussi bien malgré le peu de personnages humains attachants, c’est aussi, et surtout, grâce à la qualité immense des effets spéciaux qui confèrent aux singes un réalisme hors du commun. Déjà impressionnants dans les deux premiers épisodes, ceux-ci s’avèrent à nouveau plus humains que jamais. Leurs expressions faciales atteignent par exemple des sommets d’authenticité. Un aboutissement technique remarquable qui ne serait toutefois rien sans l’engagement physique des acteurs (Andy Serkis, notamment). En parlant d’acteur, hormis la discrète Amiah Miller, Woody Harrelson est le seul à bénéficier d’un peu de profondeur, et force est de constater qu’il ne manque pas de charisme dans la peau du bad guy. Heureusement que le passé de son personnage se dévoile davantage dans la seconde partie du film car, sinon, on ne peut pas dire que la cause humaine soit très nuancée. D’un point de vue purement narratif, on regrettera aussi les très nombreuses ficelles qui jalonnent le récit. Même en étant particulièrement tolérant par rapport au statut de blockbuster du long-métrage, on ne peut effectivement pas s’empêcher de relever une multitude de facilités.

En conclusion, La Planète des Singes – Suprématie s’avère donc être un blockbuster aussi époustouflant sur la forme que dense sur le fond. Malgré quelques facilités d’écriture, le film offre une conclusion élégante à l’un des conflits les plus emblématiques de l’histoire du cinéma. Une réalisation sombre, puissante et émouvante !