Bien que le gouvernement irakien ait annoncée la « reprise » de la ville, 28 organisations humanitaires s’inquiètent du sort des civils à travers le pays. Dans une lettre ouverte elles appellent les pays membres de la Coalition et les forces irakiennes à ne pas faire de la lutte contre l’Etat Islamique une source de souffrances extrêmes pour les civils qui subissent déjà la guerre depuis plusieurs années.
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Depuis le début des opérations militaires pour contrer l’Etat Islamique, les civils ont été confrontés à des conditions de vie dramatiques et souvent proches de sièges. Ramadi, Fallujah ou Mossoul. Ils ont été utilisés comme boucliers humains, ont été pris cibles par les snipers de l’EI, ont souffert de la faim, et ont été exposés aux bombardements et aux tirs d’artillerie incessants de la Coalition et des forces irakiennes.
Dans les prochaines semaines, où plusieurs batailles se préparent, il est impératif que les parties au conflit ne commettent pas les mêmes erreurs. On estime que plus de 150 000 personnes sont prises au piège dans les zones de Hawija, Tal Afar et l’est d’Anbar où des opérations militaires vont être lancées. Les populations qui sont prises au piège doivent recevoir toute l’assistance, la sécurité et la protection nécessaires.
Après des années passées à survivre sous l’Etat Islamique, ces personnes ont besoin qu’on leur vienne en aide et non pas qu’on les considère avec défiance. Plusieurs rapports relatent que les civils font face à des risques de violence quotidiens et voient leurs droits humains fondamentaux bafoués par des acteurs armés de tous bords.
A travers l’Irak, y compris à Mossoul, les besoins sont criants pour ceux qui ont dû fuir leurs foyers. Beaucoup vivent en exil sur des périodes prolongées voire sont forcés de se déplacer à plusieurs reprises. Plus de 1,75 millions de personnes sont encore déplacées dans les districts du centre de l’Irak. Même dans les endroits où l’EI est absent depuis plus d’un an, les conditions ne sont pas réunies pour permettre aux déplacés de retourner volontairement chez eux de façon sécurisée, incluant la présence importante de restes explosifs de guerres.
Nous ne pouvons pas attendre la fin des opérations militaires pour songer au futur de l’Irak. Désormais, la priorité doit être l’engagement collectif pour favoriser l’amélioration des conditions de vie des populations et la réconciliation sur le long terme.
28 organisations non-gouvernementales ont signé une lettre ouverte qui entre autres appelle :
- Tous les acteurs armés à faire leur possible pour protéger les vies des civils et les structures civiles. A assurer l’accès à l’aide humanitaire pour ceux qui sont actuellement ou seront à l’avenir pris au piège des offensives militaires, comme le requière le Droit International Humanitaire.
- La Coalition et ses partenaires à échanger avec les acteurs humanitaires pour s’assurer de l’accessibilité de l’aide. Les préoccupations liées à la protection doivent être recensées et prises en charge, et l’impartialité des organisations humanitaire et l’espace humanitaire doivent être respectés par les acteurs armés.
- La Coalition et ses partenaires à s’engager à ce qu’aucun effort pour assurer l’accès des civils à des zones sécurisées ne les mette davantage en danger.
Contacts presse
Léa Vollet, Action contre la Faim, 01 70 84 72 22 / lvollet@actioncontrelafaim.org
Nathalie Blin, Handicap International, 06 98 65 63 94 / nblin@handicap-international.fr
Aurélie Defretin, Médecins du Monde, 01 44 92 13 81 – 06 09 17 35 59 / aurelie.defretin@medecinsdumonde.net
Sophie Odeh, Première Urgence Internationale, 01 55 66 99 66 – 07 83 42 57 19 / sodeh@premiere-urgence.org
Photographie © Lys Arango pour Action contre la Faim.