Les six mois de travail que Julie Gayet a partagé avec Ken Higelin, le fils du chanteur Jacques Higelin ont vraiment été profitables.
On dit qu'il est plus habitué qu'elle à ce type d'exercice. Il est vrai que même si elle adore l'opéra et qu'elle joua et chanta autrefois Barberine, lorsqu'elle était au Conservatoire, elle n'avait jamais réalisé une mise en scène de cette nature.
La mission est pleinement remplie. Mozart a composé ces Noces de Figaro, en s'inspirant de la comédie de Beaumarchais Le Mariage de Figaro (1778) et la version que nous offre la jeune femme est sans doute fidèle à l'esprit.
On perçoit les touches tragiques comme les moments comiques, les instants de passion tout autant que les calembours, tous ces paradoxes qui font de ce opéra un chef d'oeuvre, la quintessence du théâtre musical dira Julie Gayet. Une folle journée qui est le miroir d'une société et de ses codes qui ont changé.
La jeune femme a mis beaucoup d'elle-même dans la mise en scène et pour avoir eu l'opportunité de discuter avec elle je peux assurer qu'elle l'a fait avec coeur et simplicité.
Sous sa houlette quasi magique on redécouvre une oeuvre que l'on croyait bien connaitre.
Quelle idée intelligence d'avoir fait sortir les musiciens de dessous la fosse d'orchestre ! C'est la première fois qu'on les voit jouer sous un kiosque.
Julie Gayet aime les musiciens et elle ne les cache pas. La musique n'est plus seulement illustratrice. Elle est partie prenante de la soirée, et ce n'est que justice.
On assiste avec bonheur aux sautillements de Yanis Pouspourikas, le chef marseillais, extrêmement investi dans la direction. Quant au premier violon, Anne Gravouin. On est ravi, bien sur.
Autre nouveauté, la légèreté des décors qui sont suggérés. Les façades des divers lieux où l'opéra sera donné pourront ainsi vivre pleinement la soirée. C'est en quelque sorte un opéra en décor naturel qui nous est offert. En toute logique puisque l'action se situe au château Almaviva, près de Séville.
Le dispositif scénique est simple mais il fonctionne. Et de nombreux changements se font à vue. Il n'y a pas comme dans la plupart des Opéras en plein air que j'ai vus jusqu'à présent un ridicule ascenseur ou un décor qui cache la moitié des chanteurs. Toutes les places sont bonnes. C'est un point très positif.
Les accessoires prennent davantage d'importance. Cet épurement profite aussi aux costumes que l'on peut prendre le temps d'admirer.
Suzanne et Figaro, tous deux au service du Comte et de la Comtesse, préparent joyeusement leur mariage. Mais voilà que Suzanne apprend à son futur mari que le Comte, lassé de son épouse, lui fait la cour. Pour sa part, Figaro est convoité par la gouvernante du château, Marceline, qui veut en faire son mari. Et pour couronner le tout, Chérubin, un page qui tombe amoureux de toutes les femmes qu’il rencontre, aimerait bien que la Comtesse lui accorde ses faveurs…
De coups de théâtre en rebondissements, de supercheries en jeux de rôle, tout finira par s’arranger et l’écheveau des couples, par se démêler.
Les voix sont merveilleuses, à peine amplifiées. Rien ne vient déranger leur portée. C'est cristallin. Et la distribution est unique, sans alternance. Tous les spectateurs sont là encore à égalité.Certains comédiens viennent se perdre un moment parmi les spectateurs, nous donnant l'illusion que nous sommes les invités de cette cérémonie.
Après Sceaux, où j'ai vu le spectacle en avant-première, les Noces de Figaro partiront au Château du Champ de Bataille, à Vincennes, à Carcassonne, au Château de Haroué, pour finir début septembre à l’Hôtel des Invalides. Tous les renseignements sont sur le site d'Opéra en plein air.
Il se dégage de cet opéra quelque chose de joyeux qui fait du bien.