« Certains objets ont le pouvoir de susciter des pensées,
des rêves, des songes, et par là des œuvres … l’art comme
un essai de retrouver en songes ce qui a disparu, ce qui
ne cesse de disparaître à chaque instant »
Véronique Arnold.
Cette jeune femme, tout en douceur, tout en poésie,
autodidacte, se défend de faire des arts plastiques,
pour elle c’est de la littérature.
En hypokhâgne sa prédilection allait à la civilisation
allemande.
Hanna Arendt l’inspire pour un travail sur
le totalitarisme. Elle est très sensible à son écriture
littéraire, son courage.
La situation actuelle, les diminutions des libertés
dans le monde l’inquiètent, cette période très matérialiste
semblable aux situations de troubles du passé.
Ses goûts en art sont divers : Agnès Martine, ( art concret)
Sol Lewit, une passion pour Louise Bourgeois, Antonio Calderara
pour sa lumière, Paul Klee, Wolfgang Laïb, Rothko, Séraphine
de Senlis, Rauschenberg, les ciels d’orage de Segantini.
Sa grande passion est la littérature en générale, allemande,
anglaise, asiatique.
Comment ne pas se souvenir de son exposition au musée des
Beaux Arts de Mulhouse « Dessins d’Ombre » où toutes
ses œuvres étaient inspirées par ses écrivains et poètes favoris,
Pascal Quignard, Vie secrète, « Il faudrait écrire les étoiles »
ou encore Emilie Dickison « le Vent n’est pas venu du verger »,
sans oublier Pline l’ancien avec le mythe de Dibutade.
Sa ccuriosité la dirige aussi vers les scientifiques naturalistes :
Alexander von Humboldt , Charles Darwin.
Malgré son peu de goût pour la couture elle a réussi à
allier son amour de la littérature à l’art, en se servant d’un média
peu habituel, une aiguille à broder, en retraçant des textes
sur des tissus qu’elle choisit afin qu’ils correspondent à la période
évoquée. Le fil noir sa signature, le lin son tissu de prédilection.
« l’aiguille est son pinceau et le fil son encre indélébile »
Frédérique Meichler, l’Alsace
Elle a brodé de grandes feuilles abstraites, une écriture en clous
de girofles exposés à Fernet Branca dans l’exposition
« Métamorphoses« .
redevient présence. Véronique Arnold cherche le perpétuel
et émouvant souvenir, le dessinant encore et encore, diluant
les corps dans l’espace temps du langage. Le travail se révèle
dans l’action pour Véronique Arnold affirmant
« je brode et ça prend forme, c’est un besoin », rythmée par
la musique entêtante de la machine à coudre,
Les broderies prennent forme et advient la surprise.
Elle puise ses ressources et ses matériaux directement
dans la nature et sa contemplation.
Les titres de ses oeuvres ne sont-ils pas :
vibration, explosion, empreinte de corps, absence,
constellations, frémissement, songe, tremblement,
pensée.
Ne souhaite-t’elle pas « écrire le ciel » ou encore
tracer le fil à travers le temps.
Une gravure, une sculpture, des coquillages, évocateurs
d’un passé la font rêver et voyager dans le temps.
Sa résidence au Japon suivie de plusieurs voyages,
l’a particulièrement rendue sensible à ce pays.
Solitaire par nature, timide, elle a osé franchir une
première fois la porte de la galerie Buchmann de Lugano .
L’œuvre présentée à La galerie Stampa à Art Basel 2017,
« Concrétion de coquillages »
est un hommage à Kitagawa Utamaro, une broderie sur un
tissu de lin au fil noir, qui reforme ces ondulations de
coquillages agglutinés.
apprécié pour ses portraits de femmes, ornés de volutes de
faune et de flore comme en art nouveau (19e/20e) avant la lettre.
Une autre œuvre, qui sera exposée à la Galerie Stampa
de Bâle est inspirée du journal d’une femme qui a
vécu au 11e s, en y exprimant son intériorité, se souffrances
lors d’un voyage effectué à l’âge de 50 ans,
« Toutes les larmes »
» la création artistique n’est pas un lieu, c’est un
hors-de-soi… à la frontière des rêves et de la réalité,
de l’inconscient et du conscient, de la parole possible
et celle qui ne se dit pas,… créer, c’est ne pas avoir
de lieu… être à la frontière… »
Véronique Arnold