Ne pas jouer le jeu du déclenché

Publié le 09 juillet 2017 par Do22

Photo : la petite sirène, Copenhague, Danemark

Depuis mon adolescence, il m'est souvent arrivé de " déclencher " des gens sans que je ne fasse ni ne dise rien. Le seul fait d'entrer dans une pièce peut faire que plusieurs personnes se retournent vers moi. J'ai alors parfois juste envie de passer sous terre tellement c'est désagréable. J'ai appris avec les années à m'apprivoiser là-dedans et à faire semblant de rien mais ce fut long...

Certaines personnes sont attirées vers moi, comme aimantées - et je dois gérer cette situation qui, pour moi, est vite envahissante. Elles repartent aussi vite qu'elles sont arrivées. Veni, vidi mais parties sans vici*. Elles ont été touchées quelque part par quelque chose de moi, l'ont eu ou vu ou pas et sont reparties. Aucune idée de ce qui s'est passé et ce n'est pas important. Elles ont fait ce qu'elles avaient à faire et ça ne m'appartient pas.

D'autres me regardent bizarrement et restent loin, observatrices. Certaines vont éventuellement venir me voir un moment donné et une belle relation peut éventuellement émerger. Nous nous apprivoisons et le chemin est alors authentique et vrai.

Relations non choisies

D'autres se sont retrouvées dans mon décor " malgré " nous. Je dis " malgré " dans le sens où la situation nous a mises ensemble, comme dans le métro, un contrat de travail ou un cours, par exemple, sans que nous ayons le choix de choisir la compagnie de l'autre.

Malgré tous mes efforts pour être gentilles avec elles, certaines de ces personnes n'arrêtaient pas de me renvoyer des propos désagréables, souvent irrespectueux, dégradants éventuellement, agressifs voire violents.

Je ne comprenais rien et prenais tout contre moi. Je me sentais responsable de cette situation mais je ne savais pas quoi faire pour améliorer les choses. Je pensais faire tout ce qui était en mon pouvoir, au meilleur de mes capacités et de ma bonne volonté, pour faire en sorte qu'on soit bien. Je me sentais totalement impuissante et très seule.

Je n'avais pas appris à me défendre

A l'époque, encore pas si lointaine, et depuis toute jeune, je n'arrivais pas à m'affirmer. Je suis encore en apprentissage, en toute humilité. Je n'avais aucune confiance en moi - je n'existais pas, en fait.

J'ai vécu de la violence verbale psychologique familiale de l'âge de 5 à 19 ans, sans compter que j'ai été le bouc-émissaire de deux garçons de mon quartier durant les quatre premières années de primaire, qui m'ennuyaient quasiment tous les jours sur le chemin de l'école.

Le seul modèle que j'avais, dans ce genre de situation, était ma mère qui ne voulait pas de chicane et encore moins se battre avec son mari qui la provoquait régulièrement. Elle tentait donc toujours d'esquiver les coups jusqu'à ce qu'il dépasse les bornes et là, elle le tapait de désespoir pour se défendre avant de s'enfuir dans sa chambre en attendant qu'il se calme.

Je ne savais pas me défendre. Je ne savais pas comment m'affirmer, sauf quand le bouchon était poussé trop loin. Comme maman, j'explosais alors, maladroitement et agressivement, par désespoir. Je criais de colère pour qu'on m'entende, pour qu'on m'accueille, pour qu'on m'écoute et me respecte dans qui j'étais.

Sauf que je n'étais " qu'une enfant " : ce n'était alors malheureusement pas le contenu de ma " requête " qui était accueilli mais l'attitude que j'avais eue pour tenter de la passer aux parents. Résultat : une bonne claque et ma chambre. Je n'avais pas le droit de " parler sur ce ton " à mes parents. Je ne me sentais pas entendue, reçue, accueillie, reconnue... etc.

J'ai appris à " prendre mon trou " et à m'y créer une vie, ma survie. J'ai appris à l'aimer. C'était ma protection, mon espace de ressourcement. Je l'aime encore aujourd'hui et j'en ai parfois besoin.

Ce n'était pas " de ma faute "

J'ai beaucoup souffert de cette situation de " déclencheuse " car je croyais toujours que j'étais la responsable de la situation jusqu'au jour où un ami, puis une amie, puis une thérapeute, puis une autre personne me disent la même chose : ce n'était absolument pas de ma faute. Ils avaient été témoins des situations et avaient remarqué que la personne avait une attitude injustement désagréable à mon égard. Quelqu'un prenait enfin ma " défense ", me disculpait et remettait éventuellement l'autre à sa place.

Pour des raisons qui m'ont toujours été tout à fait inconnues, la personne que je suis " déclenchait " certaines personnes plus fragiles à se miroiter à moi, à des parties de moi qu'elles voyaient, ressentaient, qui venaient les toucher, je n'en sais rien. Et boum ! Elles m'haïssaient sans que je ne comprenne rien et je n'y pouvais rien.

Je n'avais pourtant rien fait, en toute conscience, pour leur faire vivre des choses difficiles par rapport à elles-mêmes. Le principe des miroirs était flagrant.

J'ai alors réussi à me détacher de ces situations et à accepter que mon charisme provoque ce genre de choses dont je ne suis absolument pas responsable.

Quand on est déclenché

Cela nous arrive parfois de voir une personne et de sentir un feeling désagréable monter en nous. Cette personne nous rappelle, inconsciemment souvent, une situation, une personne, un feeling qui nous fait du mal et contre lequel on a de la colère, de la tristesse, de la peur, etc... et on va avoir une attitude envers elle qui est désagréable " malgré " nous, situation qui nous appartient en totalité considérant notre entière responsabilité envers tout ce qu'on se fait vivre.

En l'occurrence, lorsque je sens, aujourd'hui, une personne être déclenchée par moi, la première chose que je fais est de regarder si je peux arranger la situation. Parfois c'est le cas autour d'un café, si la personne a l'ouverture pour le faire, afin que nous puissions déposer ce qui crée cette situation entre nous et passer à une étape de communication plus agréable.

Si la personne n'est pas prête à prendre la responsabilité de son attitude et de son mal-être, qu'elle continue à me tarabuster injustement et part en vrille pour un rien, je me retire et attends qu'elle se calme. Je prie surtout pour qu'elle réalise ce que je déclenche chez elle afin que la situation (re)devienne calme entre nous.

Je suis responsable de ce que je dis et fais,
pas de l'interprétation que tu en fais.

Aujourd'hui, je sais que je ne suis pas responsable de l'attitude de chacun puisque chacun est responsable de ses propres attitudes. Je suis responsable de mon attitude afin de considérer les autres avec le plus de respect qui soit, ce que je fais du mieux que je peux et avec bienveillance, et j'en attends autant des autres.

Nous sommes les enseignants les uns des autres pour nous aider à grandir et cela passe par l'effet miroir. Cela peut être très significatif et constructif si la personne accueille son attitude avec humilité et désire guérir ce qui se passe en elle. Cela peut rester cependant fort désagréable si elle n'a pas cette ouverture et renvoie toujours la faute sur l'autre.

Oser se retirer et revenir aux bons moments

Cela m'est arrivé l'hiver dernier avec un collègue de voyage. Sans que je comprenne pourquoi, il a pété les plombs, m'a accusée de choses injustes, a coupé les ponts à tous les niveaux et je n'en ai plus entendu parler. Je n'ai rien compris. J'ai tenté de lui parler plusieurs fois mais sa colère était trop grande. J'ai préféré me tenir loin, le temps que ça passe. Il avait déménagé dans une autre auberge à l'autre bout du village.

Sauf que c'était un ami cher et je savais que je n'étais pas responsable de ce qui s'était passé même si c'est moi qui en faisait les frais.

La semaine passée, j'ai eu le feeling de lui envoyer un email. Six mois après notre séjour en voyage, sans aucune communication entre nous, je sentais que les choses s'étaient calmées. Je voulais non seulement comprendre mais surtout reprendre cette belle amitié, du moins je l'espérais. Je lui ai donc écrit quelques mots auxquels il a répondu dans l'heure d'une façon très amicale et gentille, comme si rien ne s'était passé. Nous avons convenu d'un rendez-vous.

Quelques jours plus tard, nous avons échangé par vidéo puisqu'il est sur un autre continent et je lui ai juste demandé :

- Je n'ai rien compris. Que s'est-il passé ?!

- Oh, c'était parce que....

Il m'a expliqué une histoire qui n'avait AUCUN rapport avec moi. Je n'entrerai pas dans les détails mais je n'avais absolument pas rapport avec la situation... sinon que je m'étais trouvée au mauvais endroit au mauvais moment. Et boum. Ça l'avait déclenché, le bouchon avait sauté suite à une situation désagréable avec le proprio de l'auberge où nous étions. Je lui ai dit ou fait quelque chose qui ne lui a pas plu et boum.

- J'étais tellement pompé que je suis parti et on n'a pas eu le temps de s'en parler. Et quand je pompe, je pompe et j'ai préféré ne plus te parler mais aujourd'hui, on oublie tout ça, d'accord ?! m'a-t-il répondu tout sourire et en m'envoyant un bisou avec sa main.

Son geste m'a fait chaud au coeur. Je savais que cette histoire était derrière nous.

- Pourquoi n'es-tu pas venu m'en parler alors ? J'aurais pu t'aider à calmer le jeu, lui ai-je dit.

Homme humble (mais avec son ego quand même 😉 ) habitué à se débrouiller tout seul, mon ami avait été bien pompé dans sa colère, déclenchée non seulement par l'attitude du proprio qui n'a pas acquiescé à sa demande mais aussi par le fait qu'il ne parlait pas bien l'anglais et n'arrivait pas à s'exprimer pour se faire comprendre, l'un expliquant l'autre. Il avait été en colère contre lui et contre le proprio.

J'étais très heureuse d'avoir suivi mes feelings :

1. Ne pas " jouer " son jeu d'ego quand il a été déclenché, au risque de me faire agresser injustement.
2. L'avoir recontacté six mois plus tard pour le retrouver. Je lui ai fait promettre que, si ça se reproduisait, on s'en parlerait tout de suite !

En tant que déclenché

Nous sommes humains et tous interreliés. Nous nous attirons et nous repoussons. Nous nous aimons ou nous détestons suivant nos énergies, notre éducation, nos croyances, nos blessures de cette vie ou d'autres vies et peut-être encore pour d'autres raisons, toujours inconnues sur le moment.

Quand nous nous sentons déclenchés, nous devons nous respecter
et nous accueillir avec bienveillance, compassion et humilité.

Surtout, nous devons accepter de nous regarder dans le miroir de nous-mêmes afin de comprendre et guérir la douleur et la blessure que le déclenchement vient de réveiller.

Le déclencheur est un cadeau de la vie qui nous dit que nous sommes prêt(e) à faire ce chemin de guérison. Il n'arrive pas pour rien à ce moment dans notre vie. Il est là pour une très bonne raison.

En tant que déclencheur

En tant que déclencheurs, nous devons savoir ne pas prendre la responsabilité de l'attitude de l'autre. Prendre un certain recul, une distance même, un silence éventuellement, est nécessaire pour que l'autre ait le temps de s'occuper de son déclenchement et de la guérison qui va avec.

Bienveillance et compassion sont les seules attitudes que nous pouvons avoir à son égard. Lui envoyer de belles énergies et prier pour que la guérison arrive bientôt, autant pour l'autre que pour soi afin que la relation puisse (re)devenir agréable.

Est-ce que cela vous arrive de sentir de " l'eau dans le gaz " avec certaines personnes ? Vous sentez-vous déclencheur ou déclenché(e) ?

Prendre la responsabilité de son attitude,
c'est prendre la responsabilité de son bonheur...
🙂

Avec Amour

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Do

© Dominique Jeanneret, toute reproduction de ce texte permise, en tout ou partie, dans un espace non-commercial, à condition de ne rien y changer et d'ajouter ma signature ainsi que ces lignes et un lien vers www.dominiquejeanneret.net. Merci pour votre collaboration.

Thérapeute en intégration psychocorporelle (PCI)
Accompagnante psycho-spirituelle et énergétique
www.chemindevie.net, www.penseesinspirantes.com

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* " est venu, a vu et a vaincu ", en latin