Discussion fictive dans le bureau de Russel T. Davies pour l'écriture du scénario.
- Ok, les gars, j'ai pensé que pour l'arc final de la saison 3, ce serait sympa de réintroduire Jack dans l'histoire.
- Bonne idée !
- Le truc, c'est qu'il faut quand même que tout cela soit effectué en un minimum de temps pour qu'il s'intègre à l'intrigue principale de l'épisode.
(Un scénariste se souvenant miraculeusement du final de Torchwood) : - Sous quel prétexte va-t-on faire attérir le Tardis au QG de Torchwood ?
- Ola, n'y pense pas ! Comme Torchwood bénéficie d'une exposition moindre par rapport à Doctor Who, il convient de ne pas perdre le téléspectateur familial de BBC1.
- Oui, mais comment fait-on un lien avec le final de Torchwood ?
- On ne le fait pas. Le téléspectateur de Torchwood -louée soit sa patience- a appris en 13 épisodes à admettre toutes les incohérences et exercices de style scénaristiques. Il ne s'en formalisera pas. (-_-)
- Donc comment fait-on ?
- Bah... Ne nous compliquons pas la vie. Donnez-lui un sac à dos et mettez-le dans le premier départ du Tardis à partir de Cardiff.
- ...
- J'ai encore mieux. Pour introduire l'épisode, on va dire que le docteur ne souhaite pas l'entraîner avec lui et Martha, admettons donc qu'il joue les passagers clandestins en s'accrochant à l'extérieur du Tardis durant tout le voyage.
- ...
- Et comme le Tardis n'apprécie pas du tout le 'nouveau' Jack immortel, cela explique que, en tentant de le faire lâcher prise, ils arrivent à une époque inexplorée des Seigneurs du Temps : la fin de l'univers.
- ...
Ce dialogue un brin surréaliste est à l'image de ce début d'épisode, résumant assez la perplexité dans laquelle ces cinq premières minutes plongent le téléspectateur. Le Tardis se pose un court instant à Cardiff, nouveau lieu de travail de Jack (cf. Torchwood). Ce dernier guettant l'arrivée du docteur depuis des mois se précipite, seulement le docteur ne l'entend pas de cette oreille. Il redémarre le Tardis... tandis que Jack s'accroche à la cabine à l'extérieur. Le Tardis voulant se débarrasser de lui, ils atterrissent dans une ère inexplorée même des Seigneurs du Temps : la fin de l'univers. J'avoue que ces cinq premières minutes doivent figurer en bonne place dans le top 5 des scènes les plus ratées de la série. Mais heureusement, une fois la situation posée, l'épisode reprend son envol. Et finalement, on en oublierait presque ce début poussif car la dernière demi-heure se révèle particulièrement attrayante. Avant de verser dans les compliments, je devrais quand même ajouter que non seulement la mise en relation Torchwood/Doctor Who s'opère sans trop de rigueur, mais Jack redevient tel qu'on le connaissait dans la saison 1 de Doctor Who. Oublié l'interlude Torchwood, mais je vous avouerais préférer cette version.
Après ces problèmes d'ajustement, l'épisode trouve son ton. Le côté apocalyptique de cette fin de l'univers est décrit de manière who-esque. Les étoiles qui se sont toutes éteintes, l'obscurité et des êtres vivants chassant les humains. Ces derniers, fidèles à eux-mêmes, sont animés par un seul espoir : une lumière qui scintille dans le ciel, semblant envoyer un signal : "Come to Utopia". Le docteur, Martha et Jack arrivent juste à temps pour aider à parachever le lancement de la fusée. Un peu d'aventure et d'action, le temps de rencontrer le scientifique en charge du projet, un vieil homme brillant mais affaibli, et son assistante. En dépit de l'apparence du vieillard, on devine confusément un parallèle entre ce duo et notre duo, surtout quand Martha sympathise avec l'assistante pour tenter de la dévergonder.
C'est aussi l'occasion pour le docteur et Jack de rétablir leurs liens. Une des réussites de cet épisode réside incontestablement dans ces dialogues dynamiques, ponctués de piques, versant entre humour et sérieux. On retrouve nos habitudes, telles les remarques du docteur à chaque fois que Jack se présente à n'importe quel être vivant, mais les deux parlent également de cette fameuse fin de saison 1. Le docteur savait ce qu'il s'était passé et l'a laissé à dessein, connaissant les modifications effectuées par Rose. Rose, deuxième sujet de conversation, qui cette fois exclut un peu plus Martha, qui n'est pas certaine de savoir où se placer par rapport à cette nouvelle paire. Ces remarques ironiques qui fusent de part et d'autre permettent au téléspectateur de rapidement retrouver ses marques. Sympathique !
La situation tourne à la catastrophe pour nos héros quand Martha voit la montre que porte le scientifique. Une montre bien connue cette saison, puisqu'il s'agit de la même qu'utilisa le docteur il y a quelques temps pour se changer en humain. Une montre identique sur laquelle Martha attire l'attention du scientifique qui n'a jamais éprouvé le besoin de l'ouvrir, étant donné qu'elle était cassée. Le temps qu'elle retrouve en catastrophe le docteur pour lui parler de sa découverte, la curiosité du vieil homme a déjà été plus qu'aiguisée. Il ouvre la montre. Nous confirmant qu'il s'agit effectivement d'un Seigneur du Temps qui se cachait dans une enveloppe humaine. Les derniers mots de la Face de Boe : "You are not alone" (le nom du professeur était l'acronyme Yana), reviennent immédiatement à l'esprit. Il est rapidement établi qu'il n'y aura pas de joyeuses retrouvailles. Après avoir tenté de tuer le docteur, Martha et Jack en lâchant sur eux les êtres qui les avaient attaqué au début, il réussit à pénétrer dans le Tardis... et à se régénérer (incarné par un acteur britannique connu par tous les sériephiles, John Simm -de State of Play à Life on Mars). Le Maître est de retour. L'épisode se clôt sur ce cliffhanger.
Bilan :Après un mini désastre pour introduire l'épisode, les scénaristes se rattrappent très bien pour finalement nous offrir un bon épisode, efficace, qui marque les retrouvailles dynamiques entre Jack et le docteur, dont les dialogues vifs de répartis sont toujours un plaisir à suivre. C'est aussi le réveil du Maître, qui réussirait à s'enfuir avec le Tardis ? Vivement la suite !