Gypsy est une nouvelle série de dix épisodes qui ont tous été mis en ligne le 30 juin sur le site de Netflix. La fiction tourne autour de Jean Holloway (Naomi Watts) une psychologue renommée de New York qui en apparence semble filer le parfait bonheur auprès de son mari Michael (Billy Crudup) et leur jeune fille Dolly (Maren Heary). Pourtant sa vie change du tout au tout lorsqu’elle fait la connaissance de Sidney Pierce (Sophie Cookson), l’ex-petite amie de Sam Duffy (Karl Glusman), un de ses patients qui exerce sur elle une étrange fascination. Genre d’histoire du démon du midi du côté féminin, Gypsy qui dans un premier temps éveille notre curiosité nous transporte aussi vite dans l’ennui le plus total. En effet, l’on semble errer au niveau d’une mise en scène inconséquente et éclipsée par un scénario verbeux. À la longue, c’est la marque Netflix qui se dévalorise.
Crise d’adolescence passé la quarantaine
Parmi les multiples patients qu’elle voit régulièrement, mentionnons Sam qui peine à retrouver un certain équilibre mental depuis sa rupture avec Sidney. Puis, difficile d’affirmer se cela relève du simple hasard, mais ladite ex travaille justement au café où se rend Jean tous les jours et les deux femmes font connaissance et commencent même à flirter. Au départ, il s’agit davantage d’un jeu puisque la psychologue prétend être une journaliste du nom de Diane et ne cesse de la questionner sur son passé. Ce désir d’évasion s’explique en partie par les tracas du quotidien. Michael est de plus en plus absent en raison du travail et le fait qu’il s’entende magnifiquement bien avec Alexis (Melanie Liburd), sa séduisante assistante crée quelques tensions. Quant à Dolly, véritable garçon manqué, elle n’a même pas dix ans que déjà les proches se mettent à la pointer du doigt en raison de sa différence.
On comprend rapidement où Gypsy veut nous amener alors qu’on fait connaissance au compte-goutte des divers personnages féminins qui s’introduisent dans la série. D’une part, Jean a deux patientes qui semblent lui gruger la plupart de son temps. Il y a d’abord Allison (Lucy Boynton) qui a pour ainsi dire foutu sa vie en l’air lorsqu’elle est devenue dépendante à diverses drogues quand elle fréquentait l’université. Puis, Claire (Brenda Vaccaro), qui à chaque rencontre vient se plaindre des choix selon elle douteux de sa fille. Mais malgré tous les bons conseils que Jean s’évertue à donner ces patientes respectives, rien ne semble bouger. En ce sens, on peut imaginer à quel point ce sur-place doit être frustrant pour Jean qui, on l’apprend un peu plus tard, a une très mauvaise relation avec sa propre mère Nancy (Blythe Danner).
Par rapport à ses voisines, c’est carrément la haine. Vivant dans un quartier à la Desperate Housewives/Big Little Lies, ces femmes au foyer ne brillent que par la propreté de leurs logis et l’impeccabilité des manières de leurs progénitures. Or, elles ne cessent de parler dans le dos de Jean, quoiqu’elle fasse, comme en témoigne toute l’intrigue à l’épisode #3 alors qu’elle organise une fête d’anniversaire pour Dolly. L’accoutrement de cette dernière s’apparente davantage à celle des petits garçons et plus tard elle se coupe elle-même les cheveux beaucoup plus courts. De plus, elle a récemment reçu un avertissement de son école pour avoir embrassé de force une collègue de classe. Évidemment, les mauvaises langues vont bon train et c’est ce qui attriste le plus sa mère qui elle-même entre en rébellion contre elle-même et son entourage.
Ambitions loin d’être atteintes
Ce qui cloche avec la nouveauté de Netflix est sa structure pour le moins désordonnée. En effet, on passe du coq à l’âne concernant les mulitples interactions avec les patientes, la famille, les voisines et Sophie sans donner suite aux différentes intrigues qui meurent de leur belle mort. Même Jean, personnage en principe très complexe est difficile à cerner. Par exemple, elle est obsédée par Sophie et c’est à peine si l’on voit l’objet de sa supposée affection ou qu’on l’évoque dans l’épisode suivant. Sinon, invitée à la maison d’une amie, elle lui chipe de la médication alors qu’on ne lui connaît aucune maladie ou encore de problème de dépendance… sauf la cigarette. Elle cache en effet un paquet dans sa garde-robe, mais évite d’y toucher sachant que c’est néfaste pour sa santé, et pourtant…
Comme métaphore entre ce qui est bien et ce qui est mal, on a déjà vu plus original et c’est probablement le plus gros problème de Gypsy : le manque de subtilité. D’ailleurs, les premières phrases de la série sortant de la bouche de la protagoniste sont assez éloquentes : « The more you watch someone, the more you realize, we are never really who we say we are. In fact, hidden underneath, there’s always a secret. We might actually be someone else. » Dans le même sens, on a Sam qui dit que son ex-petite amie Sophie est dangereuse et menteuse, on a Jean et Michael qui ensemble parlent de leur affection mutuelle. Bref, au moyen du dialogue, on exprime tout ce que l’on est incapable de nous transmettre au niveau de la mise en scène. Si à l’image des séries anglaises dont on sent clairement l’influence ici la fiction s’était limitée à six épisodes ou moins, on aurait peut-être donné la chance au coureur, mais en enfiler dix de 60 minutes chacun n’en vaut tout simplement pas la chandelle.
Il y a à peine une semaine, le site Indiewire publiait un article sur la perte de vitesse des séries de Netflix en termes de qualité depuis le début de 2017. En effet, côté comédies Girlboss a été annulé quelques mois seulement après son lancement et tant qu’à faire, on aurait dû faire de même avec Santa Clarita Diet. Sinon, le succès populaire de Glow s’explique par un copier/coller de la structure de Orange is The New Black qui elle-même nous a offert une cinquième saison en deçà des attentes. Côté drames, on peut affirmer la même chose à propos du nouvel opus d’House of Cards qui plus que jamais tourne en rond. Les bons côtés d’Iron Fist ne valant pas plus d’une ligne d’appréciation, seule 13 Reasons Why a fait beaucoup jaser, mais davantage en raison de la polémique qu’elle a créée que pour sa qualité d’ensemble. En somme, beaucoup de nouveautés de Netflix, mais de moins en moins bonnes pour justifier un abonnement mensuel.
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