"Il vaut mieux avoir du luxe dans ses sentiments que sur ses habits." p.55
Le colonel Chabert est un être fantomatique qui revient d'entre les morts. Tous pensaient qu'il était mort à la bataille d'Eylau, mais il revient avec l'idée de retrouver son nom, son titre, son rang et sa fortune et son épouse. Malheureusement ladite épouse s'est emparée de sa fortune et s'est remariée avec le Comte Ferraud qui aspire à devenir pair de France. Elle n'a donc aucun intérêt à sortir des décombres ce mari encombrant. Son identité vacille. Le colonel fait appel à Derville, un avoué pour défendre ses intérêts. Mais dans cette nouvelle société gouvernée par l'argent, l'argent agissant comme un poison qui altère les relations humaines, retrouver son statut sera un parcours semé d'embûches...
"J'ai été enterré sous des morts, mais maintenant je suis enterré sous des vivants, sous des actes, sous des faits, sous la société tout entière, qui veut me faire rentrer sous terre !" p. 18
En effet, le colonel appartient au monde de l'Empire et revient dans celui de la Restauration dans lequel il n'a plus sa place. Ayant connu la gloire durant la période historique et politique du Directoire, du Consulat et de l'Empire (1795, 1800, 1815), il a connu la bataille d'Eylau en 1807 et, lorsque le colonel revient à Paris, une dizaine d'années a passé. Dans ce monde perverti, le colonel Chabert incarne la droiture, la fidélité, l'amour de la patrie, l'honneur, l'altruisme, la générosité.
"Certains hommes ont une âme assez forte pour de tels dévouements, dont la récompense se trouve pour eux dans la certitude d'avoir fait le bonheur d'une personne aimée." p. 47
L'avoué quant à lui est le témoin des ignominies de son siècle, il peut témoigner de tout ce qu'il a vu d'ignoble dans la nature humaine : "Je ne puis vous dire tout ce que j'ai vu, car j'ai vu des crimes contre lesquels la justice est impuissante. Enfin, toutes les horreurs que les romanciers croient inventer sont toujours au-dessous de la vérité." p. 57
Le colonel Chabert offre un magnifique portrait qui permet d'incarner les revers de la "comédie humaine" chère à Balzac.