Ce mois-ci, j'ai choisi de prendre la BD "Suite française, Tempête en juin" de Emmanuel Moynot adapté du roman d'Irène Némirovsky aux éditions Folio.
« Juin 1940. Les destinées se heurtent sur les routes de l'exode. Le banquier Corbin, le couple Michaud, la tribu des Péricand, l'abbé Philippe, la frivole Arlette Corail, le sinistre Corte et sa maîtresse écervelée, les perdants, les affreux, les purs et les morts, tous forment les figures inoubliables de cette débâcle française. »
Tout d'abord, j'ai été séduite par ce format plutôt inhabituel pour une BD mais qui est beaucoup plus maniable et facile à transporter. Contrairement à un roman ça se lit très rapidement ce qui était parfait pour moi en période de partiels ! Je l'ai lu en une soirée: une fois lancée, c'était dur de s'arrêter, j'avais vraiment envie de savoir ce qui allait arriver aux différents personnages.
Cependant ce sont des personnages que je n'ai absolument pas appréciés mis à part le couple Michaud. A travers cette BD, nous nous trouvons confrontons à la part égoïste de la nature humaine, et à ce que les Hommes sont capables de faire en temps de guerre pour assurer leur bien-être personnel. Certains des personnages ne semblaient pas comprendre qu'ils étaient en guerre et ne pensaient qu'à leur petite personne, notamment le banquier qui est un personnage que j'ai trouvé détestable. Un autre personnage qui m'a marquée est Hubert Péricand, un adolescent qui rêve de faire la guerre comme si c'était une chose merveilleuse, comme s'il ne comprenait ce que c'est vraiment. Le point positif c'est qu'il ouvrira en partie les yeux, mais pas assez cependant pour ne pas se vanter. Mon petit coup de cœur a été pour le couple Michaud, deux employés de banques qui ont su rester intègres malgré les événements tragiques qui les touchent.Une autre raison pour laquelle j'ai apprécié cette œuvre est qu'elle nous met face à la vie de la population de la Seconde Guerre Mondiale, point que j'ai trouvé peu abordé durant mes cours de lycée. J'ai ''apprécié'' d'être confrontée à un autre point de vue sur cette abominable guerre.
Je pense que c'est une BD qui mérite d'être lue, tout d'abord car ça se lit vite même pour ceux qui n'apprécient pas la lecture et ensuite car cela fait partie de notre Histoire et qu'il est important de s'en souvenir.
Le film
J'ai aussi décidé de regarder l'adaptation cinématographique « Suite française » que j'avais envie de voir depuis déjà un moment mais je n'en avais pas trouvé l'occasion.
Dans ce film, nous ne retrouvons pas les personnages de la BD qui est tirée du premier roman "Tempête en juin" mais ceux de Lucille et Bruno durant l'occupation du village Bussy par l'armée allemande, tiré du deuxième roman d'Irène Némirovsky "Dolce". Lucille est une jeune fille française vivant avec sa belle-mère pendant que son mari est parti à la guerre. Puis nous avons Bruno Von falk, officier allemand qui va habiter avec elles pendant quelque temps.
Evidemment par ce résumé on voit une romance pointer le bout de son nez. Dans l'ensemble c'est un film que j'ai énormément apprécié et qui m'a retournée, je sens encore mon cœur se déchirer en repensant à la scène finale. Le casting est porté par de bons acteurs qui arrivent à nous entraîner avec eux en Juin 1940.
Au départ je me suis dit « Mais comment peut-elle être attirée par un homme comme lui avec tout ce qu'ils ont fait lui et les siens ? ». Finalement nous découvrons avant tout un Homme qui comme nous à des désirs, une vie volée par cette guerre et qui est aussi humain que nous. Le personnage de Bruno est torturé, on sent très bien qu'il accomplit ces actes car il n'a pas le choix et qu'il répugne à le faire. Je n'ai pas pu m'empêcher de pleurer quand on le voit détruit par une exécution qu'il doit commander. Evidemment ils ne sont pas tous comme ça: par exemple le lieutenant Bonnet, personnage absolument détestable et homme vicieux qui prend plaisir à tuer. A mon avis, ce film a voulu montrer que certains de ces hommes n'étaient pas foncièrement mauvais, qu'ils agissaient ainsi car ils n'avaient pas le choix ou car ils suivaient le mouvement. Je ne dis pas que leurs actes sont excusables, seulement que je comprends pourquoi, même étant contre, ils ont agi de la sorte.Ce qui m'a marquée est le fait que même entre eux, les français se dénonçaient, se voler, ne s'entraidaient pas toujours. On voit la véritable nature de chacun apparaître en temps de guerre. J'ai adoré le personnage de Benoît, fermier qui fait le choix de ne pas se laisser faire et que l'on imagine très bien faire partie de la résistance.
Ce film est un coup de coeur pour moi, qui m'a émue et m'a donné envie d'en savoir plus. J'ai bien l'intention de lire le roman d'Irène Némirovsky qui n'aura hélas pas pu achever ses livres : juive, elle fut déportée à Auschwitz où elle mourut.
Une petite parenthèse historique pour ceux que ça intéresse :
En juillet 1942, ayant tout juste écrit le texte des deux premiers romans de la série, l'auteur est arrêtée en tant que juive. Elle est détenue à Pithiviers, puis déportée à Auschwitz où elle meurt. Le cahier dans lequel elle a écrit cette œuvre est préservé par ses filles Denise Epstein et Elisabeth Gille Epstein. Denise ne le lit qu'en 1998 (après le décès d'Elisabeth en 1996). Les deux romans sont publiés ensemble sous le titre de Suite française, en 2004.L'histoire même du livre est extraordinaire. Denise a 13 ans et sa sœur Elisabeth 5 ans quand leurs parents sont arrêtés et déportés. Les fillettes seront épargnées par un officier allemand qui refuse d'entériner les instructions de Vichy sur la déportation des enfants juifs. Denise conservera précieusement la petite valise qui contient un peu de linge, des photographies et le manuscrit de sa mère. Il faudra attendre 2004 et la rencontre avec Myriam Anissimov, biographe entre autres de Romain Gary, à la librairie Ombres Blanches, pour que ces pages écrites en lettres minuscules parviennent au plus grand nombre.«Cela faisait des années que j'effectuais des recherches sur ma mère, raconte Denise Epstein en 2007. Il m'a fallu deux ans et demi pour décrypter le manuscrit de Suite française. Parfois, je devais m'arrêter : c'était trop douloureux. Je me souvenais de mon enfance, des années cachées, du Morvan à Bordeaux. J'avais aussi du mal à calquer le visage d'une mère si tendre sur des textes si durs.»
La série, qui commence en juin 1940, dépeint la vie française à cette époque. Au début du mois, l'armée allemande a envahi le nord de la France, mis l'armée française en déroute et rapidement avancé sur Paris où elle entre le 14 juin. Le premier roman, Tempête en juin, dépeint la fuite de nombreux habitants de Paris dans les heures qui précèdent l'entrée de l'armée allemande dans la capitale et dans les jours qui suivent. Le deuxième, Dolce, décrit la vie étrangement calme d'une petite ville de campagne, Bussy, dans les premiers mois de l'Occupation. Le troisième, Captivité, dont l'auteur a seulement imaginé les grandes lignes, devait montrer les origines d'une volonté de résistance : quelques personnages déjà connus devaient dès lors se trouver prisonniers à Paris. Aux quatrième et cinquième romans, Irène Némirovsky a donné les titres de Batailles et La Paix, et y a ajouté des points d'interrogation — nécessairement, parce que en 1942, on n'avait aucune idée des batailles à venir, ni de l'éventuelle paix qui mettrait fin à la Seconde Guerre mondiale.
Irène Némirovsky
Julie. ☽Coin des licornes Blog lifestyle Toulouse