Pour mémoire, le concept d'origine (implémenté, par exemple, sous une forme particulièrement élaborée par Plastc, aujourd'hui retirée) consiste à permettre au consommateur de choisir depuis son téléphone l'affectation des dépenses qu'il réalise avec la « méta-carte », vers l'une des différentes cartes (réelles) préalablement associées à son compte. Cependant, entre le prix de ces produits, leurs (petits) défauts de fonctionnement et les limites de l'expérience utilisateur, le marché n'a jamais décollé.
Lancée au Royaume-Uni en mode « beta » en 2016, Curve visait d'abord à réduire la première limitation observée, avec, notamment, une version gratuite (pour l'instant) de sa solution et, surtout, la promesse d'une gestion avantageuse des opérations en devises étrangères, garantissant de réaliser des économies substantielles. Désormais, la jeune pousse s'attaque aussi au défaut le plus criant et, ce faisant, le transforme en un pilier d'une offre potentiellement très différente, ouvrant de nouvelles opportunités.
En effet, parce qu'il n'est pas toujours aisé – ou possible : qui n'a jamais eu de problème de disponibilité du réseau ? – de penser à paramétrer la carte avant d'effectuer un achat, Curve autorise désormais ses clients à changer l'imputation des dépenses jusqu'à 14 jours après leur exécution (si elles sont inférieures à 1 000 livres, toutefois). Mon compte courant risque de passer dans le rouge après mes emplettes ? Pas d'angoisse, il suffira de reporter quelques transactions sur ma carte de crédit (quitte à payer des intérêts).
L'option pourra séduire les personnes qui possèdent plusieurs cartes et ne savent pas nécessairement décider laquelle sélectionner à chaque moment de leur vie quotidienne. Mais, selon TechCrunch, les fondateurs de la startup imaginent déjà comment étendre les capacités de leur solution avec des services à forte valeur ajoutée. Ainsi, à travers une politique de partenariats et d'ouverture à l'écosystème de la FinTech (par API ?), ils envisagent, entre autres, de proposer à l'utilisateur, après ses achats, un prêt à la consommation plus avantageux que sa carte de crédit habituelle.
Le principe du report de la décision d'affectation des dépenses a posteriori n'est pas nouveau – PayPal l'esquissait en 2011 – mais il semble n'avoir jamais dépassé le stade expérimental. Il devrait pourtant être bien accueilli par les consommateurs désireux de mieux contrôler leurs finances personnelles, surtout s'il évoluait vers une optimisation de la gestion des moyens de paiement (qui pourrait être automatisée, à terme). Mais il est vrai que la mise en œuvre opérationnelle n'est probablement pas triviale.