LordsOfRock : Deliverance avait sorti un EP en 2013 intitulé « Doomsday Please », votre album vient de sortir il y a quelques semaines. Pourriez vous vous présenter pour les lecteurs qui ne vous connaitraient pas encore ?
Nous sommes Sacha et Fred respectivement bassiste et batteur du groupe. On est originaire de Paris et sans être spécialement dans une catégorie établie, on peut dire que nous faisons du sludge/post black.
Il est vrai qu’en quelques années le metal a beaucoup évolué, se déclinant ainsi en des catégories hybrides. Vous parliez à l’instant de sludge/post black. Quand on écoute votre disque on entend beaucoup d’influences.
Nous venons surtout de l’univers Sludge et post-hardcore, ceci étant dit, il y a des membres du groupe qui sont plus proches du black metal (BM) ce qui explique le mélange. Par ailleurs, c’est Etienne, notre guitariste, qui compose. Il n’a pas spécialement cherché à créer une catégorie à strictement parler : sludge, black, etc. Les influences sont diverses et les morceaux mutent au fur et à mesure que nous les travaillons. Pour ceux qui n’aiment pas spécialement le BM mais qui se retrouvent dans des sonorités lourdes, le disque pourra leur parler, tout comme les amateurs de BM qui gardent un esprit ouvert sur autre chose que le « true-black » ! Tout le monde pourra y trouver son compte, à condition d’aimer le son très très lourd !
On entend, en effet, une certaine lourdeur au niveau des saturations, mais aussi des guitares froides ainsi qu’une voix parfois plaintive. Tout ceci fait penser aux empreintes du black metal davantage que sur votre EP.
Il n’est pas évident de prendre suffisamment de recul par rapport à ce disque. La transition entre l’EP et l’album s’est faite naturellement. Encore une fois, Etienne amène les morceaux et nous nous faisons corps avec, jusqu’au moment où la voix de Pierre arrive. Si tu veux, Etienne nous présente les morceaux que nous commençons à faire tourner, en se demandant quelle est la manière la plus efficace d’emmener le tout autour de la guitare et de la voix. Une fois que les morceaux sont composés, les lignes de chant s’étoffent et les titres commencent à prendre une couleur différente, notamment grâce aux textes.
Justement parlons en. Le message général de CHRST est-il plutôt positif ou pessimiste ?
Ni l’un ni l’autre ! Il a une certaine beauté à trouver de l’humour dans des trucs paradoxaux. Les textes se centrent beaucoup autour de la religion, surtout dans les choses malsaines et les décalages entre ce qu’on présente dans la religion et la réalité. Nos textes dressent un constat froid, analytique sans être pessimiste. Tout de moins, nous n’avons pas cherché à l’être à tout prix. De ce que Pierre nous disait, c’est surtout sa vision personnelle de la religion sur l’on retrouve à travers les textes de l’album. Celui-ci s’appelle CHRST sans le I car le I anglais désigne le « je » aussi c’est une sorte de christ déshumanisé qui est présenté. L’ouvrage de Dostoïevski « L’idiot » catalyse assez bien ce que Pierre pense de la religion. Est ce positif ou négatif ? L’auditeur choisira !
Comme vous le savez Lords of Rock est un média franco suisse, envisageriez-vous de défendre ce disque à l’étranger et pourquoi pas en Suisse ?
On y travaille. La Suisse avec plaisir ! Le reste de l’Europe aussi. On aimerait jouer le plus possible !
En parlant de Suisse nous avons quelques Helvètes bien connus sur le festival, je veux parler de Nostromo sur la route depuis quelques mois déjà avec Gojira. Deux carrières différentes et singulières. Vous y pensez ?
S’il s’agit de se comparer à des groupes authentiques et qui ont suivi leur propre chemin, ça peut nous inspirer. Aujourd’hui on veut suivre notre chemin sans précipitation et étant justement « singuliers » en évitant de marcher dans les pas de qui que ce soit. On est fier de ce disque, la musique déchire et on fera le maximum. Il faut désormais nous concentrer sur des objectifs précis liés au processus plus qu’à la finalité, c’est-à-dire tourner pour défendre notre musique et non pas tourner pour faire une carrière à tour prix. On n’a pas de plan de carrière. Si les choses doivent se faire, elles se feront.
Une question « flashback », parlez-nous de vous plus jeune lorsqu’est née votre passion pour le metal.
Sacha : au lycée je dessinais des pochettes d’album sur les vestes en jean de mes potes. Après le metal s’est aussi associé à mon métier de tatoueur.
Fred (à Sacha) : Du coup est-ce que tu as vendu des dessins érotiques à tes potes ?
Sacha : Non…
Fred : Moi si ! Bon plus sérieusement, moi j’étais au primaire lorsque j’ai découvert le metal. À cette époque « Enter Sandman » passait à la télé. Il y avait Guns and Roses et Sepultura. Ce qui nous relie c’est Metallica ! D’ailleurs leur visuel faisait limite peur ! Le metal est indélébile comme les tatouages. C’est un état d’esprit!
Merci à vous et à très bientôt sur scène !
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