L'Elysée se gave, dépenses 2007 !!!

Publié le 27 juin 2008 par Olive
Inflation, flambée du pétrole, pouvoir d’achat en baisse… Les temps sont durs. Les Français se serrent la ceinture. Et notre Président ? Coup de loupe sur les dépenses de l’Elysée en 2007.

En 2007, l'Elysée a flambé
« Les caisses sont vides », clamait le tout frais Premier ministre, François Fillon, peu après la prise de pouvoir de Nicolas Sarkozy. Et pourtant, les dépenses sont allées bon train. Sur l’année 2007, l’Elysée a dépensé plus de 35 millions d’euros, soit une augmentation record de 8,4% par rapport à 2006. Un début de quinquennat bien loin des promesses de campagne du candidat Sarkozy. Où sont donc passées la réduction du train de vie de l’Etat et la transparence que prônait Monsieur Sarkozy ?
Sarkozy s'augmente de 29%
Spécialiste du budget de la présidence de la République et auteur de « L’argent caché de l’Elysée », le député René Dosière (apparenté PS) a décortiqué le rapport d’exécution du budget 2007, transmis fin mai à l'Assemblée nationale. Dans un communiqué intitulé «Elysée 2007: un budget de rupture ?», il souligne que cette augmentation des dépenses de l'Elysée est «trois fois et demie supérieure à celle des dépenses de l'Etat (+ 2,3%)». Quand le gouvernement cherche à faire des économies, le chef de l’Etat semble aller à contresens. Sa dotation est d’ailleurs passée de 101 125 euros en 2006, à 130 638 euros en 2007. 29% d’augmentation de salaire. Plus d’un Français en rêve. Nicolas Sarkozy, lui, le fait. Cependant, cette augmentation du traitement présidentiel, votée par le Parlement dans le cadre du budget 2008, n’apparaît pas dans les chiffres de 2007, puisqu’elle n’est effective que depuis janvier 2008.
Personnel et frais en hausse
Encore un chiffre en hausse en 2007 : les effectifs de l’Elysée. Alors que 957 personnes y travaillaient sous la présidence de Jacques Chirac, aujourd’hui elles sont 1045. Explication dans le rapport budgétaire : « Les personnels nouveaux ont été principalement affectés dans les services de sécurité, dans les secrétariats et à la correspondance présidentielle (dont le nombre de courriers reçus a augmenté de 100 %), ou sont venus renforcer les équipes chargées d’organiser et d’accompagner les déplacements du président de la République ». Eh oui, un chef de l’Etat hyperactif, ça coûte cher. Pour preuve également, la « très nette intensification du fonctionnement du parc automobile sur la seconde partie de l'année (2007), elle-même liée à l’augmentation nette de l’activité de la présidence (448 000 kilomètres supplémentaires en 2007) », dixit le document budgétaire lui-même. Du coup, les frais de personnel, qui représentent près de la moitié du budget de la présidence, sont en hausse de 10,9% (2% de plus que l'augmentation des effectifs). De 14,6 millions d’euros, ils passent à 16,2 millions.
Un nouveau cabinet
Plus spectaculaire bien que portant sur des montants plus modestes, l’augmentation des dépenses pour l’équipement et les travaux d'entretien progresse de 53% (de 1,9 million, elles passent à 3 millions d'euros). Une hausse pourtant jugée « légère » par l’Elysée, qui l’attribue dans le rapport budgétaire aux « opérations d'installation du nouveau cabinet » de Nicolas Sarkozy. Comprenez : la réfection, l’aménagement et la sécurisation des locaux; la rénovation des cuisines, des vitres, et de l’électricité; et la modernisation – également très sécurisée -, du parc informatique.
Frais de réception et autres dépenses « moralisées »
Dépenses contrôlées, budget rationalisé, coûts réduits… Le candidat Sarkozy l’a promis. Le Président s’y emploie. Et pour cela, il a chargé sa directrice de cabinet, Emmanuelle Mignon, de veiller au grain. Fini le gaspillage. Place aux économies. Et pas sur n’importe quels postes : exit les cartes de vœux entre administrations, doucement sur les notes de frais de déjeuners – plateaux repas payés par les conseillers, achat de vins « intermédiaires » pour les invités de « second rang », et paiement des charges des logements de fonction par le personnel logé. Résultat dans le rapport budgétaire 2007, certaines dépenses ont effectivement baissé : Arbre de Noël de l'Elysée (-20%), Garden Party du 14 juillet (-5%), vins (-44%) et fleurs (-17%).

Quid pour 2008 ?
S’il faut maintenant attendre quelques mois pour dresser un premier bilan d’une année 100% Sarkozy, l’on peut d’ores et déjà craindre que le règne du « toujours plus » perdure, puisque l’on connaît déjà les chiffres prévisionnels pour 2008 (bien souvent dépassés à l’heure du bilan de l’exécution d’un budget) : l’enveloppe globale de l’Elysée sera multipliée par 3 et frôlera l’année prochaine les 100 millions ! Réorganisation du financement de la présidence, explique l’Elysée, qui justifie ce triplement du budget par le paiement de quelques 800 fonctionnaires à temps complet – militaires, cuisiniers, agents d’entretien, jardiniers… – qui, bien que travaillant pour l’Elysée, étaient jusqu’alors payés par d’autres ministères.Dans la continuité de Chirac ? Lorsqu’il prend le pouvoir en 1995, Jacques Chirac promet aux Français « une présidence modeste ». Huit ans plus tard, en 2003, le budget de l’Elysée a augmenté de 580%, atteignant 30,9 millions d’euros. L’Elysée met cela sur le dos des « fonds spéciaux », supprimés par le gouvernement Jospin en 2001. Ces enveloppes d’argent destinées au Premier ministre et à son équipe complétaient les ressources de la présidence, mais ne figuraient pas à son budget. Or, la somme qui est venue les remplacer leur était supérieure, et son utilisation, toujours secrète. Pour René Dosière, le bilan financier de la présidence Chirac est sans appel : explosion des dépenses, opacité persistante, et contrôle inexistant.

Transparence promise, opacité due ?
« En 2008, l'Elysée a promis un budget plus complet et transparent. On verra, dans un an, ce qu'il en sera », conclut René Dosière. Et de poursuivre, sceptique : « Force est de constater, à la lecture de ce rapport sur l'année 2007, que si la rupture est réelle quant à l'évolution des dépenses, s'agissant de la transparence, ou plutôt de l'opacité, c'est la continuité qui s'impose ».