Les jambes d'abord sont lourdes, c'est la phrase de la fin, le symptôme d'un phénomène physique que subit l'un des protagonistes de l'histoire et qui préfigure son grand sommeil...
Reprenons le récit par le commencement, enfin, si commencement il y a, parce qu'en fait ce récit est sans queue ni tête, et inversement. C'est ce qui fait son charme, ou pas.
Le lecteur sérieux est prévenu, il doit suivre les préceptes: s'abstenir et circulez, il n'y a rien à lire. Pourtant il y a un fil dans ce labyrinthe de propos déjantés, le fil d'Amandine.
Amandine Lenoir est en effet le personnage qui apparaît en filigrane tout au long de ce prétendu récit. C'est un agent de renseignement comme il en existe dans les années 1960.
Amandine fait la connaissance de Claude Ramirès qui est agent, mais de recouvrement, pour le compte de la ville de Lausanne: elle est son contact à Pékin où il recherche Lee.
Lee est un locataire de restaurant de cette capitale, parti sans payer son loyer, en emportant non pas des petites cuillères, mais des casseroles en fonte. Total: 1'724 francs...
Le contact est établi entre Amandine et Claude. Pas pour longtemps. Elle lui pose un lapin. Claude poursuit Lee de Pékin jusqu'à Dallas, via Paris, d'où il fuit Amandine retrouvée...
Il court, il court le récit, reprend vingt ans après. Lecture faisant, d'autres personnages surgissent, tourbillonnent autour des amants (qui font souche), aussi improbables qu'eux.
Si pas sérieux, le lecteur joue le jeu dans lequel Vincent Kappeler l'entraîne et fait force allusions, autant de clins d'oeil et dérisions pour initiés: c'est hilarant, un brin potache.
Francis Richard
Les jambes d'abord sont lourdes, Vincent Kappeler, 80 pages L'Âge d'Homme
Livre précédent chez le même éditeur:
Loin à vol d'oiseau (2015)