(Notes sur la création) Joseph Julien Guglielmi
Par Florence Trocmé
[La poésie] est, comme cette prose que je recherche, une façon de lire et de vivre la plume à la main, de rechercher une coïncidence entre le lu et le vécu, sans précautions ni lexicales… ni de goût… ni de langues… Et traduire aussi, c’est pour moi, je l’ai déjà dit, essentiel... La poésie est ce qu’on fait avec les autres “poésies”, autrement et en imitant… Platon disait : “Ouvrier de l’image, comme nous avons défini l’imitateur…” Ce qui rend, je crois, ma poésie suspecte à beaucoup. Ces emprunts forcés… pour retrouver, c’est mon but, une espèce de naturel et d’aisance… Je voudrais écrire comme Lester Young ou Charlie Parker. Aucune modestie… La poésie est un enfer dans tous les sens. On n’en sort pas et cependant on est toujours en dehors. Le principal est que ça fonctionne… En enlevant, en faisant sauter tous les mots inutiles !
Joseph Julien Guglielmi, “Coupures” (entretien avec Jean-Marie Gleize), in Java (Paris), n° 15, hiver 1996-1997, p. 48.
(Un choix de Christian Tarting) - Photo ©François Figlarz