Ce premier roman d'Elizabeth Gaskell peint le destin de la jeune et trop jolie Mary Barton dont le coeur oscille entre son ami d'enfance Jem Wilson et le fils du patron des filatures, Harry Carson. Jeune couturière vivant dans la pauvreté et le dénuement, si son coeur a tendance à la pousser vers Jem, ses rêves et sa coquetterie lui font espérer une vie prospère, comme une revanche sur la pauvreté actuelle, aux côtés de Harry.
En ces années 1839, la misère frappe durement les ouvriers, la faim taraudant les plus faibles et les menant aux portes de la mort. La moindre miette de pain est une bénédiction en ces périodes de disette. De plus, le contraste entre les ouvriers et ces patrons qui préfèrent ignorer les revendications des uns et des autres provoque les premières luttes syndicales. Le père de Mary Barton s'engage corps et âme dans ces luttes. Les revendications des syndicalistes veulent ouvrir une ère nouvelle : "Il était souhaitable que les ouvriers ne fussent pas seulement des ignorants se comportant comme des machines, mais des hommes éduqués, capables de discernement ; et qu'il existât entre eux et leurs patrons des liens de respect et d'affection, et pas seulement des contrats financiers ; en somme, il souhaitait que la loi gouvernant les rapports entre les deux parties fût conforme à l'esprit du Christ." p. 473
Au fil du roman, Mary mûrit et revient aux valeurs essentielles, éprise de justice, elle sera soumise à une dilemme bien plus grave que de simples hésitations sentimentales...
Vous l'aurez compris, malgré ses 600 pages, Mary Barton est un roman social prenant aux nombreuses ramifications.
" Audacieux pour son temps, accueilli avec intérêt par Dostoïevski, Mary Barton est éloigné de toute subversion, mais touche par son réalisme juste et sensible. "
Une lecture qui clôturera - un peu en retard- le Mois anglais pour moi
Mary Barton, Elizabeth Gaskell, Points, mars 2016, 595 p., 8.40 euros