Khalid Tijani s’est éteint mardi dernier à la manière d’un astre qui a éclairé le tourisme marocain durant plusieurs décennies : une lumière qui décline petit à petit jusqu’à disparaître, mais laissant derrière elle, un halo qui rappellera son existence à tous ceux qui l’ont côtoyé de prêt ou de loin, qui l’ont apprécié et aimé.
Khalid Tijani était un homme de lettre, une grande plume au service de la cause du tourisme. Il avait le sens de la formule, l’exactitude du verbe et l’art de la rhétorique. Il a été co redacteur de l’accord cadre vision 2010 et auteur du discours du 10 janvier 2001 à Marrakech.
Beaucoup de mots et d’expressions ont été émis sur sa personne dont notamment, la discrétion, l’humilité, le partage, le sens du devoir, l’amour de la patrie, l’efficacité, le don de soi, l’abnégation, l’honnêteté au sens large mais aussi le dévouement et l’Amitié avec un grand A.
Khalid Tijani avait aussi le sens de l’humour et riait pratiquement de tout y compris la maladie qui a finit par l’emporter, une manière pour lui de conjurer le sort et de faire un pied de nez au crabe, qui malheureusement de tous les maux, finit toujours par avoir le dernier mot.
Khalid Tijani était passé maitre dans la figure de style tant dans ses écrits que dans ses paroles et c’était un plaisir de le lire et de l’écouter commenter l’actualité.
Aujourd’hui, j’aimerai lui rendre hommage à travers un jeu littéraire inspiré du questionnaire de Proust, cher à Bernard Pivot que notre ami Khalid appréciait beaucoup: Le Portrait Chinois.
Compte tenu du fait que je ne l’ai vraiment connu que durant les dix dernières années, à travers son passage au CRT de Marrakech et au cabinet du Ministre Haddad, le portrait Chinois que je vais en dresser, n’est inspiré de notre passion commune : Le Tourisme.
S’il était un animal, il serait certainement le Lion de L’Atlas, une espèce en voie d’extinction que l’on tente de réintroduire dans la nature, mais sans grande conviction.
S’il était un arbre, il serait l’Olivier dont le fruit est apprécié dans tout le pourtour de la méditerranée, et le rameau synonyme de Paix.
S’il était une fleur, il serait la Rose de Kellat M’Gouna , qui a inspiré la Campagne de promotion « Maroc, L’éblouissement des sens » en 1993.
S’il était un personnage de bande dessinée, il serait le Professeur Tournesol avec un clin d’œil à Hergé et à la Belgique où il a longtemps séjourné.
S’il était un Etat, il serait Le Vatican, petit par la taille mais immense par le rayonnement.
S’il était une chanson, il serait « La Bohème» de Charles Aznavour, un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaitre.
S’il était un chanteur, il serait Charles Aznavour, il a passé toutes les modes sans passer de mode.
S’il était un film, il serait « The Artist » même muet et en noir et blanc, il a raflé les oscars du meilleur film, du meilleur acteur, du meilleur réalisateur et de la meilleure musique.
S’il était un humoriste, il serait Raymond Devos, jouer avec les mots est sa seconde nature.
S’il était un Magazine, il serait « Tour Hebdo» : Une veille touristique dont il avait la patience et la passion.
S’il était un ustensile, il serait le Couteau Suisse, tout en un pour décortiquer, analyser, commenter mais rarement trancher.
S’il était un plat cuisiné, il serait une Tangia, à préparer tout seul mais à partager à plusieurs.
S’il était une épreuve olympique, il serait le Marathon, il faut s’y préparer longtemps pour y participer sans pour autant être assuré d’être le premier.
S’il était un condiment, il serait le Safran, plus cher que l’or, il est incontournable dans la cuisine marocaine et ne supporte aucune imitation du type colorant ou autre..
Khalid, tu as été et tu resteras mon ami, alors, de là ou tu es, si tu arrives à me lire, surtout n’hésites pas à poster un commentaire, le droit de réserve est définitivement levé.