Titre : Corps sonores
Scénariste : Julie Maroh
Dessinatrice : Julie Maroh
Parution : Janvier 2017
Avec « Le bleu est une couleur chaude », Julie Maroh avait décrit une relation originale (à défaut d’être intéressante) entre deux femmes adolescentes. Visiblement, l’auteure considère qu’il y a encore du boulot à faire en la matière et démarre son « Corps sonores » par un pamphlet contre la romance vue dans tous les médias et arts : le couple hétérosexuel blanc et beau. Elle décide alors de décliner des histoires d’amour en utilisant tous les oubliés du genre : homos, trans, noirs, arabes, amérindiens, gros, polyamoureux ou handicapés. Le tout fait quand même 300 pages…
Un livre raté, plombé par ses bonnes intentions
Ils vivent à Montréal, mais surtout ils vivent l’Amour. Qu’ils soient en début ou fin de couple, avant ou après, ils aiment. Sur ce schéma, Julie Maroh décline des saynètes, souvent très courtes. On y parle de sexualité, d’amour, de tendresse…
Quelques rares situations parlent de situations plus originales : les polyamoureux ou lorsqu’une nana s’aperçoit que le mec qu’elle a dans son lit est transsexuel. Mais le traitement en quelques pages empêche tout développement psychologique. À rester en surface, l’auteure botte aussi un peu en touche. Je traite tous les sujets, mais pas trop. Du coup, on s’ennuie vite. Les enchaînements de scènes deviennent rébarbatifs et beaucoup n’ont quasiment aucun intérêt.
Graphiquement, on retrouve la patte de Julie Maroh. Pour ma part, je trouve le trait maladroit et pas très beau. En revanche, les changements de technique selon les projets sont à signaler. Mais le nombre de pages dessert l’ensemble. Au bout d’un moment, on passe vite sur les pages, là où il faudrait observer un peu plus.
Au final, je trouve ce « Corps sonores » raté. L’intention de départ, louable, est très mal exploitée dans une série de scènes sans lien et sans beaucoup d’émotion. Avec une seule histoire, plus longue, faisant intervenir des personnages différents de la norme, Julie Maroh aurait pu bien plus nous émouvoir. Là, on a l’impression de lire un catalogue des relations possibles, un peu gnangnan sur les bords.