Disponible depuis le 28 juin dernier sur Netflix, Okja est la dernière réalisation du cinéaste sud-coréen Bong Joon-ho (Snowpiercer, The Host, Memories of Murder). L’histoire s’intéresse à Mija (Ahn Seo-Hyun), une petite fille qui devient ami avec un cochon fabriqué génétiquement (appelé Okja). Mais lorsque la taille du cochon prend des proportions gigantesques, la multinationale responsable de sa création décide de le prendre, forçant la petite fille maintenant adolescente à partir en mission afin de le retrouver.
Sujet à polémique lors de sa présentation au dernier Festival de Cannes, en raison des conditions particulières qui entourent sa diffusion, Okja est une œuvre singulière qui évoque autant de thématiques (écologie, capitalisme, protection des animaux…) qu’elle ne véhicule d’émotions (joie, émerveillement, tendresse, colère, dégoût…). D’une grande richesse, le long-métrage jongle avec de nombreux sujets, plus ou moins sensibles, sans jamais basculer dans une posture moralisatrice qui aurait largement amoindri son propos. Dans le même esprit, il alterne aussi brillamment les ambiances et les environnements, dévoilant autant la beauté poétique d’une forêt coréenne que la violence glaciale d’un abattoir américain. Pour autant, malgré son remarquable équilibre, le film pèche par un scénario usant beaucoup trop d’archétypes que pour convaincre totalement. Un manque de finesse forcément regrettable, mais pas nécessairement condamnable puisque le ton volontairement enfantin de l’ensemble implique, fort logiquement, une approche plus frontale du problème. Qui plus est, cette absence de subtilité n’empêche aucunement le questionnement.
Au-delà de toute considération morale, sociale, écologique ou encore économique, Okja peut de toute façon largement s’apprécier pour ce qu’il est au départ, un divertissement métaphorique relatant l’histoire d’une petite fille et de son super-cochon. Un super-cochon attachant, faisant immédiatement penser à de nombreux animaux (hippopotame, rhinocéros…) tout en ayant néanmoins sa propre identité. Sans chercher à l’humaniser outrancièrement, le réalisateur parvient à lui conférer une véritable épaisseur dramatique dans ses rapports avec Mija, formidable Ahn Seo-Hyun. Pour étayer le propos, le film peut aussi compter sur un casting impressionnant composé, notamment, de Tilda Swinton en PDG sans scrupule, Jake Gyllenhaal en incarnation marketing et Paul Dano en militant protecteur des animaux. Si tous paraissent un peu dans l’excès, ils embrassent toutefois leur rôle avec une conviction sans faille. Enfin, signalons également pour terminer la dimension visuelle extrêmement soignée. Que ce soit via la photographie, la mise en scène ou les effets spéciaux, le long-métrage délivre effectivement des plans de toute beauté.
Tout à la fois fable écologique, satire anti-capitaliste et plaidoyer pour la cause animale, Okja est donc une œuvre singulière et poignante. Malgré un manque de finesse dans l’écriture, le film traite ses sujets avec une délicatesse qui laisse difficilement indifférent. Une véritable petite pépite !