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Dans son rapport Amnesty International suggère aussi l’idée que cette homophobie rampante en Afrique serait financée et favorisée par des groupes religieux. L'influence du facteur religieux y est croissante. La contestation islamiste dans les États du nord s'ajoute à celle des églises évangéliques venues des États-Unis. En Ouganda, ces églises ont beaucoup fait pour imposer une idéologie politique anti-gay. Le pasteur évangélique Steven Anderson est connu pour ses propos antisémites et racistes et pour s'être réjoui de la tuerie survenue dans un club gay aux États-Unis. Cet adepte d'une lecture littérale et intolérante de la Bible réunit de nombreux adeptes en Afrique en divulguant ses provocations haineuses.
Si on prête aux dirigeants une certaine forme d'intelligence, il y a forcément autre chose derrière ce genre d’accusations. L’idée est de fédérer autour d’une "valeur", pour donner un sentiment d’appartenance. Le président du Zimbabwe, Robert Mugabe, avait été l'un des premiers dirigeants à instrumentaliser le sujet, dénonçant un combat impérialiste, au début des années 2000. De nombreux États africains ont le sentiment d'un forcing des occidentaux ayant pour but de leur imposer leurs valeurs. En juillet 2013, le Premier ministre britannique David Cameron n'avait ainsi pas hésité à déclarer qu'il voulait "exporter le mariage homosexuel" dans le monde.
Plusieurs personnes ont été arrêtées en Gambie lors d’une opération visant les homosexuels. Amnesty International accuse les autorités gambiennes de les torturer. L’homosexualité reste durement réprimée et y est passible de quatorze ans de prison. On assiste effectivement à une problématique de "bouc-émissairisation". Ainsi, tous les homosexuels ne sont pas arrêtés en Afrique. Ceux qui le sont, avec quelques exceptions, sont des personnes qui ne peuvent pas se défendre elles-mêmes, qui ne connaissent pas leur droit. Certains cas sont aussi médiatisés dans un dessein prédéfini.
De fait, le problème social majeur devient l’homosexualité, la population se dit que tout va mal à cause des homosexuels. Il y a aussi les réalités économiques. Les politiques ont souvent joué sur le sentiment anti-homosexuel pour faire oublier les maux et détourner l’attention des vrais problèmes de société. Par exemple, au Cameroun où, il n’y a pas l’électricité ou l’eau courante partout et de façon régulière. L’individu lambda va donc être amené à réagir de la sorte en transposant son problème et en le liant à l'homosexualité. Malgré le fait qu'il y est aucun rapport. Autre exemple, toujours au Cameroun, on peut être arrêté pour avoir consommé du Bailey’s, que les magistrats considèrent comme une "boisson de femme", ce qui confirme que c'est un territoire où l'homme se voit forcé de correspondre à une certaine image préconçue et rétrograde de la virilité.
Bien souvent, la condition des homosexuels ne se résume pas aux lois existantes. L'Afrique du Sud y fait figure d'exception sur le continent avec une législation autorisant notamment le mariage homosexuel. Cependant on constate que certains actes de violence anti-gay y sont tout de même régulièrement perpétrés, notamment des viols contre les lesbiennes régulièrement dénoncés.
Depuis plusieurs années, on observe aussi un retour dans les discours à de prétendues valeurs traditionnelles. Celles-ci peut-être alimentées par un rejet de la mondialisation et de ses valeurs. L'Afrique n'est pas la seule dans ce cas. On voit la même chose en Russie ou encore en Tchétchénie qui vient d'ouvrir des camps de torture pour les homosexuels. D'autres pays prévoient des peines très sévères sans qu'elles soient forcément appliquées. A l'inverse, certains États n'ont pas les lois les plus extrêmes mais les appliquent durement.