En s’intéressant à la destinée de ceux qui décident de rejoindre l’Etat islamique en Syrie avant de revenir nous exploser à la gueule, l’ancien reporter de guerre s’attaque non seulement à un sujet d’actualité, mais il le fait surtout avec un réalisme qui fait froid dans le dos et à l’aide d’une narration aussi élégante que percutante, qui nous tient en haleine du début à la fin.
Au fil des pages, Pascal Manoukian dresse le portrait d’anonymes qui deviennent candidats au djihad pour des mauvaises raisons. Il y a Lila, une adolescente de quinze ans d’origine algérienne, qui se dégote un mari à Alep, où elle pense pouvoir faire du shopping gratuit. Puis il y a Anthony et sa femme Sarah, qui veulent élever leur fils de quatre ans en terre sacrée afin d’en faire un bon musulman. Mais il y a surtout Karim, le personnage principal, dont la femme vient de se faire exploser sur la terrasse d’un bar de Paris, lors d’une attaque terroriste revendiquée par l’État islamique et perpétrée par un jeune Français ayant grandi dans la même banlieue que lui. Le jeune homme, musulman, décide alors de se rendre en Syrie, afin de comprendre ce qui pousse ces jeunes à emprunter le chemin de la radicalisation, mais également afin de trouver le commanditaire de l’attentat qui a tué sa femme, ainsi que le bébé qu’elle s’apprêtait à lui offrir.
De Paris à Mari, en passant par Bruxelles, Gaziantep, Raqqa et Alep, Pascal Manoukian suit les pas d’écervelés endoctrinés par une organisation terroriste qui sert au plus mal cette religion qu’elle met en exergue, remontant ainsi progressivement la piste de l’organisation terroriste, jusque dans son antre. A travers les destins d’anonymes, l’auteur détaille les rouages d’une machine de recrutement parfaitement huilée, qui exploite à merveille les faiblesses de notre société hyper-connectée en ciblant une jeunesse paumée en perte de repères. De la propagande via Internet aux actions kamikazes visant à faire le plus de victimes possible, en passant par les passeurs et les camps d’entraînement, le tableau dressé par Pascal Manoukian s’avère particulièrement sombre et pour le moins alarmant.
Une lecture essentielle, qui ne laisse pas indemne et que l’on ne referme pas forcément rassuré malgré une belle note d’espoir envers cette religion de partage et de paix, bafouée par quelques imbéciles…
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