L’Eldorado ouest-africain : Cartographier le commerce illicite de l’or en Côte d’Ivoire, au Mali et au Burkina Faso
Credit Hélène Helbig de Balzac
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Rédigé conjointement par Alan Martin et Hélène Helbig de BalzacINTRODUCTION Ce rapport cartographie les défis, tant sur le plan de la mise en application que de la gouvernance, et les vulnérabilités engendrés par le commerce illicite de l’or en Afrique de l’Ouest, de même que ses répercussions sur la paix et la stabilité régionales. Il se concentre essentiellement sur le secteur de l’or artisanal en Côte d’Ivoire, au Mali et au Burkina Faso. Toutefois, bon nombre de ses constatations peuvent s’appliquer à d’autres pays de la région de l’Afrique de l’Ouest, notamment à la Sierra Leone et à la Guinée, qui déclarent elles aussi avoir connu d’importantes baisses de la production de l’or au profit du Mali. Bien que chacun de ces pays soit confronté à des défis uniques, ils présentent tous une même caractéristique : la présence discrète de l’État dans le secteur de l’or artisanal. Cette façon de faire est lourde de conséquences, puisque le manque de présence gouvernementale, de structure institutionnelle et de politiques cohérentes mine la capacité de ces pays à planifier, à s’approprier et à récolter pleinement l’ensemble des retombées économiques du secteur.
On estime que le secteur de l’exploitation minière artisanale de l’or emploie trois millions de mineurs artisans dans ces pays. Cependant, leur production — et par conséquent leur pleine contribution aux économies nationales — demeure inconnue. De plus, selon le rapport, bien que la contrebande et les fuites fiscales privent l’État de recettes, elles contribuent aussi à l’instabilité politique, au non-respect de la loi et à la criminalité, qui revêtent en grande partie un caractère transnational. L’or a toujours exercé un attrait particulier sur les personnes qui cherchent à gagner leur vie, peu importent les incertitudes et l’exploitation qu’il suscite. Tant chez les gouvernements que chez les milices, les minéraux lucratifs qui se prêtent à la contrebande alimentent souvent des guerres civiles interminables, qui engendrent l’instabilité, l’exploitation humaine, la corruption et, par-dessus tout, la perte de débouchés économiques. L’histoire postcoloniale montre que l’Afrique de l’Ouest a connu de nombreuses guerres civiles au fil du temps; tout récemment, elle a été de plus en plus victime d’actes terroristes et d’attaques perpétrées par des groupes djihadistes. Ce rapport met aussi en relief certaines des embûches les plus courantes auxquelles sont confrontés les gouvernements une fois les hostilités terminées ou lorsqu’ils cherchent à accroître le contrôle du gouvernement sur un secteur minier artisanal non réglementé.
L’or demeure souvent une cause d’instabilité et de perte de recettes pour les gouvernements, dans la mesure où les réseaux informels s’avèrent plus durables que les tentatives de mettre en place des chaînes d’approvisionnement légales. C’est le cas dans tous les pays dont il est question dans ce rapport, où le secteur artisanal demeure informel et échappe en grande partie au contrôle des planificateurs centraux. La plupart du temps, dans ces pays où la gouvernance des ressources manque de rigueur, particulièrement dans des situations d’après-conflit, les gouvernements tentent de réaffirmer leur contrôle en adoptant des lois et des mesures malavisées, au détriment des mineurs artisans, qui sont ensuite étayées par des opérations d’application draconiennes lorsque ces lois et mesures sont ignorées. Ces interventions exacerbent la situation; elles aliènent les mineurs et les poussent encore davantage vers le commerce illicite ou alors engendrent une violence évitable. Le cas de l’Afrique de l’Ouest n’est pas différent.Telecharger le document complet
(dommage, pas le Ghana !)