La narratrice s'est mariée jeune, avec Alessandro. A 23 ans, elle n'avait qu'un objectif, celui de fonder une famille. Aussi, après Nathan, a-t-elle eu un second enfant, Tobias, qui naît le 4 juillet 1973 et qui ressemble à un bout de ciel...
Au bout de quelques années elle en a cependant assez de n'être qu'une mère au foyer et d'être effacée du reste de la société. Les jours s'écoulent, monotones. Alessandro ne lui porte plus d'intérêt. L'éducation de ses enfants ne l'occupe guère.
Alors, tandis que Tobias n'a que 6 ans, elle décide de trouver un emploi. Et elle décroche un travail à temps partiel dans un cabinet d'avocat. Elle se dit, requinquée: Je ressuscite d'entre les ménagères pour renaître en femme libre.
De ses collègues, Lydie et Margareth, elle se fait des amies, à la vie, à la mort. Mais, à la maison, son mari lui reproche le désordre, les corvées ménagères négligées, ce que font toutefois oublier ses entrées financières.
Nathan est un garçon sans problèmes: Son assiduité à l'étude me conforte dans l'art de gérer ma famille et renforce mon sentiment de confiance. Tobias, lui, fait les quatre cents coups, mais il est si attachant, ses sentiments sont si purs...
Bref elle fait confiance à l'un et passe tout à l'autre. Celui-ci est-il chapardeur, à chaque fois je réduis l'importance des incidents d'un revers de main, l'insignifiance des vols l'absout et me préserve de mes responsabilités.
Cette famille est ordinaire, comme le ton délibérément adopté pour le récit, même si les parents font quelques écarts conjugaux et que Tobias tombe de Charybde en Scylla, puisqu'il aura maille à partir avec la justice et deviendra toxico.
Cette situation bascule dans l'horreur quand Tobias disparaît, le 30 mai 2003, peu avant ses 30 ans, l'année de la canicule, à l'issue d'une fête, la Goa Trance Psyclipse, où il s'est rendu avec son amie du moment, sans paraître s'y être défoncé.
Comme Tobias est connu des services de police, l'enquête conclut tout d'abord à une fugue, jusqu'au jour où, le 18 décembre 2003, des policiers sonnent à la porte de ses parents et leur annoncent qu'un de ses fémurs a été découvert...
Dès lors la narratrice de Sarah Leuenberger-Steiner pourra dire: J'avais deux fils, sous entendu: il m'en reste un, auquel elle n'a jamais su dire qu'elle l'aimait. Comment le second est mort lui permettrait de faire son deuil...
Francis Richard
J'avais deux fils, Sarah Leuenberger-Steiner, 152 pages L'Âge d'Homme