Par hasard, j’ai découvert où travaille et habite l’artiste Anne Auger, dans un chouette village de la Haute Côte de Nuits. J’étais venue car ce week-end-là s’ouvraient des maisons pour accueillir des artistes et artisans locaux. Bévy faisait sa « biennale », et c’était fort sympa. J’ai appris alors que Anne Auger était l’initiatrice de cette manifestation.
Dans son petit jardin, je vois donc des céramiques et des sculptures. J’entre dans son adorable maison et je vois… des peintures. Que je connais! Ah! Mais je suis chez Anne Auger! Mais oui! … J’ai l’air bête! Or, toutes les fois que, à l’occasion, j’avais vu des peintures de cette artistes, j’avais été intéressée. Je ne connaissais pas son travail de sculpture, par contre.
Ses peintures. Quelque chose de l’époque soviétique. Des « travailleurs » au visage anguleux. Des teintes vives (du rouge à la communiste et du « bleu de travail »). Des évocations d’usines, de chantiers, de machines, de mécaniques. Mais ces compositions s’allègent de-ci de-là par quelques collages de fragments de cartes routières ou de partitions musicales. Et la dureté du profil féminin s’adoucit soudain d’une chevelure qui part en folie, étirée par le vent, par la vitesse. Un univers particulier inspiré sans doute des souvenirs et des passions de l’auteure. Amour des belles et anciennes motos et autos? ça roule, en tout cas, sur ses toiles, bus, voitures, trains, tracteurs… Et puis, il y a la musique, les animaux, les voyages…
Les traits sont simplifiés, les contours bien marqués de noir, les tracés un peu à la cubiste (on pense parfois aux dessins de Cocteau aussi), les arêtes vives, les assemblages raides. Evocation de Fernand Léger, pourquoi pas? Et tout cela est compensé par les formes plus souples des rouages, roues, panneaux de signalisation ronds etc (souvent des collages de photos prises par l’artiste elle-même). Et également par quelques phrases manuscrites qui apportent leur touche de poésie. C’est décidément un monde bien personnel. On dirait des vitraux pour usines! Les personnages ressemblent à leurs machines, et ils ne font qu’un avec elles.
Côté volumes, on retrouve quelques cubes et parallélépipèdes et des lignes cassées qui rappellent les peintures. Dans les peintures, en quelque sorte, il y a déjà les sculptures. Souvent des formes d’enclumes d’où jaillissent des personnages drôles, naïfs, énigmatiques, la plupart du temps en partance, en mouvement.
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