C’était à Saint-Petersbourg, et nous visitions au pas de course le musée de l’Ermitage avec Katia, notre guide francophone. Soudain, je stoppe. Devant moi, l’entrée d’une salle d’exposition temporaire. Anselm Kiefer! La visite touristique, évidemment, ne prévoyait pas de passer par là. Qu’importe. J’entre, en suppliant amis et guide de m’attendre un peu. Visite éclair mais que d’émotion!
Il s’agit de la première exposition solo de Kiefer en Russie. Elle se tient jusqu’au 3 septembre. Il l’a conçue spécialement pour le Grand Hall Nicolas de l’Ermitage. Les toiles sont inspirées par le poète russe Khlebnikov.
Le poète par lequel Kiefer est ici inspiré était aussi un mathématicien. Par quelques calculs étranges et visionnaires, il avait annoncé la guerre de 14 et la Révolution de 17. Il disait que le poète se doit d’être un messie, un prophète. Il partageait avec Kiefer l’idée que le temps se répète en développements cycliques et circulaires. Tous deux croient aux cycles biologiques. Et ils cherchent une vision complète du monde, croyant à la place que tient l’être humain dans le cosmos.
J’ai éprouvé à nouveau, comme dans les expos parisiennes d’Anselm Kiefer, cette sensation de force qui nous dépasse, de peinture toute puissante qui va bien au-delà d’un travail de peintre. Ce sont des cris, des gestes, des actes…
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