Laure Manel : La délicatesse du homard

Par Stephanie Tranchant @plaisir_de_lire

La délicatesse du homard de Laure Manel   3,75/5 (20-06-2017)

Initialement auto-édité en 2016, La délicatesse du homard (275 pages) est aujourd’hui disponible aux éditions Michel Lafon depuis le 18 mai 2017.

 

L’histoire (éditeur) :

Elle est partie aussi loin qu'elle a pu, pour rejoindre le début du bout du monde... et venir s'échouer au pied d'un rocher face à la mer d'Iroise.
Elle dit s'appeler Elsa.
Elle ne veut pas qu'on lui pose de questions.
Qui est-elle ? Que cache-t-elle ?
Et lui, que cache sa rudesse ? Lui qui l'accueille sans même savoir pourquoi ...
Un roman à deux voix. Deux voix qui se racontent, et se taisent. Deux voix qui laissent place aux pas des chevaux, au vent qui plie les herbes sur la dune, au ressac sur le rivage et aux souvenirs échoués sur le sable.

Mon avis :

Dans cette histoire d’amour délicate, il est question de deux destins ébréchés.
Celui de François, ancien alcoolique qui a tenté de soigner sa peine par la boisson et qui s‘occupe aujourd’hui d’un centre équestre sans compter ses heures, emporté par un amour sans borne du cheval.

Celui d’Elsa (prénom qu’elle a choisi pour repartir), une femme perdue, échouée (au sens propre comme au figuré) et profondément marquée par une histoire familiale secrète et terriblement lourde qu’elle a tant de mal aujourd’hui à se relevé (et à révéler).
Au pied d’un rocher sur la plage, ces deux êtres vont se trouver. C’est François, alors qu’il fait une balade à cheval, qui tombe sur la jeune femme inanimée. Sans bien réfléchir, il choisit de la ramener chez lui jusqu’à ce qu’elle se refasse une santé. Et plus si affinité…

Alors, oui, présenté comme ça la délicatesse du homard fait un peu tantôt roman à l’eau de rose version romance pour mamies en mal de bons sentiments à la guimauve ; tantôt roman un peu glauque rempli de personnages en souffrance qui vous filent le bourdon en à peine trois pages.
En fait, rien de tout ça ici. C’est effectivement un roman qui mise sur l’amour et qui se construit sur des douleurs, mais c’est avec beaucoup de simplicité, de délicatesse et de respect (sans jouer sur le pathos et sur l’exagération) que l’auteure élabore l’histoire commune de François et Elsa.

Je n’ai pas été passionnément emportée ni chamboulée par les émotions car, sans pour autant manquer de crédibilité,certaines réactions m’ont laissée dubitative, surtout chez Elsa que j’ai trouvé parfois excessive. Toutefois, le mystère de leurs blessures, l’alternance des points de vue à chaque chapitre (tout en conservant une narration linéaire sans redondance), l’écriture posée et douce, l’intrigue qui (un peu prévisible quand même sur certains points) se révèle vite prenante…tout cela fait de ce titre une lecture plaisante et entraînante, d’autant qu’on s’attache assez vite à ces deux êtres touchants qu’on a envie de voir posés et heureux.

En bref : un joli roman, plutôt féminin, qui sera un compagnon parfait pour les prochaines vacances.