Progressivement et tranquillement, Ségolène Royal pose les jalons d’une réflexion entamée depuis plusieurs années et qui s’est nourrie, d’une part, de l’expérience de la campagne présidentielle, et d’autre part, d’un travail de fond fondé sur la rencontre et les échanges avec les citoyens – notamment par le biais des réunions participatives – et sur une connaissance approfondie de l’ensemble des fédérations du PS. Profondément démocrate, Ségolène Royal a pris le temps de faire un retour à la base du PS d’où procède toute légitimité politique. Elle a toujours été en contact permanent avec les responsables fédéraux et les militants socialistes. Elle connaît leurs besoins et a pu prendre ainsi l’exacte mesure de leur volonté de changement pour rénover le Parti. Par ce travail de terrain, réalisé sur plusieurs années, Ségolène Royal est devenue absolument incontournable, si bien qu’il est totalement vain de croire que, par le simple jeu de motions, il sera possible de l’écarter définitivement. Mais, ce travail sur le long cours ne s’est pas effectué nécessairement en pleine lumière, non parce que la camarade Royal s’en est cachée (au contraire même), mais parce qu’il n’a jamais véritablement intéressé les médias, d’ordinaire beaucoup plus friands de polémiques stériles, de phrases assassines, d’anecdotes ou encore de petits états d’âme pour petits chefs sans envergure.
Ségolène Royal – on l’a dit et redit sur ce blog (et d’autant plus aisément qu’on ne fait pas partie des encartés pour des raisons alimentaires) – a compris qu’on ne devenait pas premier secrétaire du plus important parti de la gauche française en ignorant les structures du PS et en jouant uniquement la carte de l’opinion et des sondages. Ce sont les socialistes qui vont désigner leur leader et non l’opinion publique, souvent versatile et influencée par les faiseurs et défaiseurs de tendances.
Le Congrès de Reims doit être à cet égard un Congrès de clarification au cours duquel la question du leadership doit être effectivement tranchée une bonne fois pour toutes. Le PS doit enfin prendre acte de la présidentialisation des institutions de la République et de la réforme du quinquennat. Les règles du jeu politique ont changé au cours de ces dernières années. Que l’on s’en réjouisse ou que l’on s’en désole, il convient de faire avec, et non de penser et d’agir comme si rien n’avait bougé pour se complaire dans un fonctionnement sclérosé d’appareil en complet décalage par rapport à la réalité institutionnelle.
C’est la raison pour laquelle les discours d’Aubry, de Delanoë et de tous les autres candidats, déclarés ou éventuels, au premier secrétariat du Parti Socialiste ne sont pas crédibles. Il en est de même pour les pachydermes qui turbinent en sous main à l’intérieur ou à l’extérieur du PS : Jospin, Fabius, Lang, DSK, Allègre, Charasse, ou encore Rocard, etc.
En effet, ils postulent tous, plus ou moins et avec des intensités diverses, le déni de la réalité institutionnelle au profit d’« un travail de reconstruction », qu’ils n’ont pas effectué de toute façon. Ils préconisent aujourd’hui ce travail uniquement parce qu’il constitue, pour eux, un alibi commode leur permettant de dissimuler, pour le moment, leurs ambitions personnelles. Pour ménager leurs ambitions, certains d’entre eux ont pratiqué plus ou moins activement la politique du pire : « plutôt Sarkozy que Royal ». Le lien de confiance que nombre de militants pouvaient avoir à leur égard est par conséquent rompu. Il est temps de passer à autre chose, car les idées sont en marche et n’ont heureusement pas attendu les vieux discours et les slogans usés de ceux que l’on voit et entend depuis 25 ou 30 ans.
Demain, 28 juin 2008, de 10h à 13h, Ségolène Royal et son équipe présenteront à la Maison de la Chimie, 28 rue Saint Dominique à Paris (7ème), la motion qu’ils défendront au Congrès du Parti socialiste. La gauche qui agit et qui protège, c’est en effet celle qui accepte d’affronter la réalité pour résoudre les problèmes de gens et non celle qui se complait et s’encroûte dans des postures idéologiques ou doctrinales qu’elle s’empressera d’oublier une fois revenue aux responsabilités. Les Français attendent du PS qu’il offre une alternative politique aux méfaits du sarkozisme et de la droite sur de très nombreux sujets : privatisation de la sécurité sociale, atteintes au pluralisme des médias, abandon de la politique industrielle, désengagement de l’Etat sur l’amélioration des conditions de travail, précarisation de la recherche, perte du pouvoir d’achat, irresponsabilité environnementale.
Interviendront durant la présentation de la motion Delphine Batho (députée des Deux-Sèvres), Jean-Louis Bianco (député des Alpes-de-Haute-Provence), Michèle Delaunay (députée de Gironde), Aurélie Filipetti (députée de Moselle), Guillaume Garot (député de Mayenne), Edouard Martin (délégué CFDT au comité de groupe européen d’Arcelor-Mittal), Louis Mermaz (sénateur de l’Isère), Jean-Pierre Mignard (Président de Désirs d’avenir), Ariane Mnouchkine (metteur en scène), Bertrand Monthubert (président de l’association Sauvons la recherche), Vincent Peillon (député européen), Thomas Piketti (chercheur en économie), Edwy Plenel (directeur de la publication de Mediapart), François Rebsamen (maire de Dijon), Najat Vallaud-Belkacem (conseillère régionale Rhône-Alpes).