[Critique série] AMERICAN GODS – Saison 1

Par Onrembobine @OnRembobinefr

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Titre original : American Gods

Note:
Origine : États-Unis
Créateurs : Bryan Fuller, Michael Green
Réalisateurs : David Slade, Craig Zobel, Vincenzo Natali, Adam Kane, Floria Sigismondi
Distribution : Ricky Whittle, Ian McShane, Emily Browning, Crispin Glover, Pablo Schreiber, Yetide Badaki, Peter Stormare, Gillian Anderson, Mousa Kraish, Omid Abtahi…
Diffusion en France : Amazon Prime
Nombre d’épisodes : 8

Le Pitch :
Shadow Moon, un prisonnier, est libéré en avance pour assister à l’enterrement de sa femme. Sur le trajet qui le mène à la cérémonie, il rencontre Monsieur Voyageur, un mystérieux personnage qui l’engage comme garde du corps. Il ne se doute pas de ce qui l’attend…

La Critique de la saison 1 de American Gods :

Alors qu’Hannibal se voit annulée, fautes d’audiences suffisantes, Bryan Fuller ne se laisse pas abattre et revient presque immédiatement avec un nouveau projet fou sous le bras. Adaptation du roman éponyme culte de Neil Gaiman, American Gods est une des plus grosses surprises de l’année 2017. Sortie de nulle part, elle a clairement fait son effet, ne laissant personne indifférent. Petit état des lieux de la foi aux USA…

How The West Was Won

L’Amérique est une terre d’immigration. C’est sur ce constat simple (mais pas évident pour tout le monde apparemment) que se base toute la série. Chaque peuple qui a émigré sur les terres américaines a apporté avec lui ses us, ses coutumes et ses dieux… Le prologue nous présente donc l’arrivée des vikings, qui se livrent aux plus grands sacrifices pour pouvoir survivre sur ses rivages hostiles, emportant avec eux une idole d’Odin. Cette scène d’ouverture aussi sanglante que génialement agencée nous permet d’entrer de plein pied dans l’univers singulier de la série. Esthétiquement ravageur, le pilote nous en met plein la vue (presque trop) et offre une vraie sensation de fraîcheur. Après un générique tout en néon et en symboles religieux divers, on attaque le vif du sujet, accompagné de notes de jazz follement dissonantes. On croise léprechauns, démons et merveille et comprend vite que l’on va participer à un voyage passionnant, sur les petites routes du pays.

Going Up The Country

La série prendra dès lors des allures de road trip, avec plusieurs protagonistes empruntant les chemins de traverse de l’Amérique profonde. On voit ce que bon nombre de séries évitent soigneusement : les petits patelins et leurs habitants. On découvre l’arrière- boutique du rêve américain car c’était là l’ambition de Gaiman : utiliser les mythes anciens pour mieux illustrer les réalités présentes du pays. Fuller et son équipe ont su maintenir cet état d’esprit intact et leurs ajouts se sont avérés des plus intéressants. Mais le voyage est aussi temporel, au travers de différentes capsules disséminées çà et là, au grès des épisodes. On y découvre le background de certains personnages, en offrant une profonde saisissante à l’intrigue, qui brasse nombre de thématiques et n’hésite pas à prendre la métaphysique à bras le corps. Pour soutenir un tel univers, il fallait une équipe de choc, et force est de reconnaître que Fuller a très bien su s’entourer…

Panthéon

Avec des réalisateurs comme Vincenzo Natali (Cube, Splice) David Slade (Hard Candy, 30 Jours de Nuit) et Floria Sigismondi (The Runaways), il peut offrir au spectateur un festin divin, leur expérience commune dans le milieu du clip leur permettant de multiplier les trouvailles visuelles et de créer une identité extrêmement forte. Niveau casting, Ian McShane fait figure de tuteur au milieu de jeunes talents. Parfaitement en place et réjouissant de part son interprétation, sa vision de son mystérieux personnage est tout à fait pertinente. Il doit composer avec le couple terrible formé par Ricky Whittle (Shadow) et Emily Browning, qui a bien changé depuis Les Désastreuses Aventures des Orphelins Baudelaire. Whittle est une belle surprise, tout en carrure et en charisme, il campe un homme blessé et incrédule qui s’ouvre peu à peu aux divers phénomènes qui vont l’entourer au fil de son parcours initiatique. On croise bon nombre de têtes connues, comme Gillian Anderson, Peter Stormare ou encore Crispin Glover, dans des rôles intéressants et tout en ambiguïté. On a donc un mélange d’ancien et de nouveau, qui correspond parfaitement au propos de la série.

Ragnarök

Car tout cela n’est qu’au service d’une grande lutte entre les nouveaux dieux (médis, technologies, globalisation…) et les anciens, en perte de vitesse, mais qui va prendre la route de la guerre sous l’impulsion du rusé Mr Voyageur (Mr Wednesday en anglais, petit indice sur qui se cache derrière l’affable vieux borgne…) Et c’est là que la profondeur de la série nous prend à la gorge. En s’aventurant là ou peu de gens veulent aller Bryan Fuller dresse un superbe discours sur l’État de l’Union avec ses failles, ses démons, mais aussi les nombreuses merveilles qui font de l’Amérique ce qu’elle est, une terre où toutes les légendes cohabitent et s’affrontent pour leur survie… Avec toute son humanité et sa vision esthétique affirmée, American Gods nous offre une superbe entrée en matière dans un monde riche, profond. Audacieuse, elle se permet beaucoup de choses, tant sur le plan visuel que narratif, généreuse, elle fait preuve d’un respect sans faille envers son public. Elle frise parfois la surcharge, mais la proposition est tellement alléchante, au milieu de productions fades et interchangeables, que l’on cède volontiers à l’appel du conteur et l’on suit cette odyssée états-unienne avec grand plaisir.

En Bref…
American Gods est clairement l’une des plus belles surprises de l’année en cours et offre un spectacle de qualité, divertissant, profond, touchant et terriblement humain. Une perle, ni plus, ni moins…

@ Sacha Lopez

  Crédits photos : Starz/Amazon Prime