Les épandages aériens sont interdits depuis 2015 à l'issue d'un long combat en raison de la dispersion des pesticides dans l'environnement et jusque dans les habitations.
Les Préparations Naturelles peu préoccupantes (PNPP) regroupent des biostimulants utiles aux agriculteurs ne voulant pas utiliser des pesticides de synthèse. Elles ont fait la preuve de leur innocuité et de leur efficacité à un coût modique (il s'agit souvent des recettes ancestrales tel que le purin d'ortie longtemps interdit). Cette catégorie distincte des phytosanitaires a été créée en 2009 et considérablement élargie en 2016 à une centaine de substances, avec la perspective de voir rapidement plusieurs centaines d'autres substances rentrer dans cette liste, après évaluation par l'ANSES. Si la catégorie des PNPP était supprimée ces substances ne pourraient jamais être autorisées, ce serait autant d'alternatives sûres aux pesticides de synthèse qui ne pourraient plus être utilisées !
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Depuis plusieurs décennies, la France a réalisé un travail considérable, y compris dans le domaine de la recherche, pour comprendre les causes des surmortalités d'abeilles et de pollinisateurs sauvages. Les scientifiques ont identifié les insecticides néonicotinoïdes, encore appelés tueurs d'abeilles, comme une des principales causes. Sous la pression des apiculteurs et des ONG, leur usage a progressivement été limité en France. La Loi sur la reconquête de la biodiversité de 2016 les interdits totalement au 1er septembre 2018.
Les travaux et les décisions de la France ont fait mouche à Bruxelles. En début d'année, la Commission européenne a présenté une proposition qui pourrait mener à l'interdiction de trois de ces insecticides si elle est votée par la majorité des Etats membres : le thiamethoxame (produit par Syngenta), la Clothianidine et l'Imidaclopride (tous deux produits par Bayer). L'affaire est bien engagée. " La commission parlementaire en charge de l'environnement au Parlement européen vient de voter le 22 juin, à une écrasante majorité, y compris avec des voix de la droite européenne, pour l'extension et le renforcement du champ d'interdiction de ces néonicotinoïdes tueurs d'abeilles ", note le Groupe Socialistes et Démocrates dans un communiqué du 26 juin.
Réautoriser les épandages aériens de pesticides et interdire les préparations naturelles
Aussi, les déclarations du nouveau ministre de l'Agriculture Stéphane Travert dans "Bourdin Direct" sur BFMTV et RMC le lundi 26 juin 2017, ont fait l'effet d'une bombe. Venant confirmer un projet émanant de ses services, totalement à contre-courant, il a annoncé qu'il voulait assouplir la législation sur les néonicotinoïdes en procédant par ordonnance. Et pas seulement : il était encore question de réautoriser l'épandage de pesticides par avion et d'interdire des préparations naturelles destinées à remplacer les pesticides chimiques !
Les réactions ont été immédiates. " C'est une honte absolue, c'est du même niveau que Donald Trump qui recule sur le climat ", a déclaré Henri Clément, porte-parole de l'Union nationale de l'apiculture française. C'est " une véritable provocation " pour Générations Futures qui s'est dit prête à tout faire pour " faire échec à ces projets inacceptables ". Finalement, Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire a fait plié le gouvernement en rappelant une promesse de campagne d'Emmanuel Macron : ne pas revenir sur la législation interdisant les néonicotinoïdes. Matignon a publié un communiqué : " le Gouvernement a décidé de ne pas revenir sur les dispositions de la loi de 2016 ".
Reste que deux autres projets du ministère de l'Agriculture n'ont pas été commentés par le gouvernement dans le communiqué de Matignon : la ré-autorisation des épandages par avion et l'interdiction des Préparations naturelles peu préoccupantes (PNPP), alternatives aux pesticides chimiques.
"Générations Futures est choquée par ces mesures envisagées qui constitueraient de véritables régressions en matière d'environnement et de santé et, en même temps, des cadeaux incroyables à l'industrie des produits chimiques !" a déclaré François Veillerette, directeur de Générations Futures. "Il faut que le ministre de la Transition Ecologique et Solidaire bloque ces mesures à tout prix" a déclaré l'ONG.
Anne-Françoise Roger