Ces deux quêtes s’entremêlent et se nourrissent l’une l’autre : à mesure que Folman retrouve ses anciens compagnons et qu’il recueille leurs témoignages, il retrouve et affine ses souvenirs de la guerre et des massacres qui l’accompagnent. L’animation était le moyen rêvé de coller au plus près du sujet, permettant à la fois de reproduire les rêves torturés des personnages et donner corps à certains de leurs souvenirs, plus efficacement qu’une reconstitution ou un témoignage face caméra. Cela donne lieu à quelques scènes extrêmement fortes, l’une d’elles voyant un soldat attendre de longues heures derrière un rocher que ceux qui ont tué tout son escadron quittent les lieux, et une autre narrant le coup de folie d’un autre lors d’une fusillade apocalyptique et sacrément sanglante. On pensait que les films de guerre nous avaient tout montré ; on avait tort.
L’image est belle car imparfaite, les couleurs brutes créent une atmosphère pesante et bouleversante, mais Folman n’oublie pas qu’il s’agit avant tout d’un documentaire, prenant le temps d’étudier des personnages usés par le temps, n’hésitant pas à utiliser des plans fixes sur ses interlocuteurs en les écoutant témoigner lorsque la mise en images des évènements décrits semblait moins édifiante que de rester plongé dans les yeux de ceux qui les racontent. À part une légère faute de goût en toute fin de film (bref retour aux prises de vues réelles pour montrer de vrais cadavres, façon un peu lourde de dire que la vie, c’est pas du dessin animé, blablabla), Valse avec Bachir s’impose comme un témoignage précieux, d’une beauté simple mais évidente.
8/10