Les historiettes en notes toutes simples, par eux chantées, racontant les déconvenues de monsieur de Marlborough, m'invitant aux marches d'un palais bien mystérieux, me présentant de dynamiques lavandières du Portugal, un petit cordonnier un peu sorcier et drôlement futé qui voulait aller danser, un bateau blanc à destination de Tahiti, cette mystérieuse fille de Londres, le rythme envoûtant de cette éternelle valse brune, Margoton cette effrontée, ou ce que sera sera existentiel m'enchantaient, elles égayèrent et alimentèrent mon enfance.
Mon oncle connaissait 100 chansons qu'il chantait à tue-tête en allant dans les champs et les bois de sa vie de paysan, il me posait d'un geste vif et précis dans sa grande corbeille à foin qu'il mettait ensuite sur son épaule, il me juchait sur le dos d'une de ses vaches attelée pour aller vers les sillons à venir et il chantait, il chantait... Il connaissait 100 poèmes aussi et autant de livres par coeur. Que tout cela, tout ce beau, ne ressort-il pas de la marmite infernale de l'Alzheimer dans lequel il mijote actuellement ?
Je n'ai pas de réponses à ça. Il me semble que l'on construit sa vie avec l'envie de vivre, qu'on la déconstruit avec l'ennui de vivre...
Mais la chanson est là, c'est une fine mouche qui fait mouche à tous les coups, c'est une lumineuse fenêtre ouverte sur l'âme. Riche et précieuse. Elle construit les petits et les grands.
Comme l'amour, la rencontre de l'autre, la relation vraie : Indispensable...
(pardon pour ce défilé un peu nul de clichés féminins inappropriés pour ce merveilleux texte... mais Iggy !!!)