dans les jujubiers de la limite supérieure
un homme-minute
une femme impossible
ils touillent les pages du livre
ils écrivent avec leur sang au galop
un monde qu'ils désirent éternel
C'est au début de l'intro de ce recueil en trois temps, trois mouvements:
- touille rouille
- flash floche
- clic claque
Ce ne sont pas seulement les pages que touillent cet homme et cette femme qui fusionnent dans le creuset du livre, dans le monde du poète.
Ils touillent les expressions toutes faites et cela donne des expressions refaites:
- on met le feu aux portes
- que chaque jour apporte
une poche de rêves
à ceux qui n'en ont pas
Ils touillent et les mots se font allusions:
- si près de l'origine du monde
- l'arbre aux pieds nus
- au creux de nos mains
l'ascenseur vers l'échafaud
- dessine-moi un corps des Alpes
Ils touillent et ne craignent pas les paradoxes:
- la méchanceté, cette bonté à l'envers
- c'était une mort de t'aimer
- ta légèreté faisait ma gravité
- faire de la vie une mort au ventre
A force de touiller, ils donnent le vertige, ils sont bien nomades, toujours en mouvement: lui peut dire : nomade de moi, elle: nomade de toi...
Elle est l'immigrée, son quelque part; lui l'émigré, son dispersé, aux quatre coins de l'univers.
Leurs ventres s'étaient collés, mais ils ne se connaissent plus:
Nous voilà à l'imparfait sans futur
La soudure n'a pas tenu:
Souvenirs
vos nuages ont soif
Francis Richard
Nomade de toi, André Petitat, 56 pages Editions de l'Aire