Le commissaire Adamsberg se trouve à Grimsey, une petite île islandaise, quand il reçoit de Paris le message suivant:
Femme écrasée. Un mari et un amant. Pas si simple. Présence souhaitée. Informations suivent.
De mauvais gré - il se trouve bien dans ce pays brumeux - il rentre à Paris. Et dénoue cette affaire avec une simplicité déconcertante. Parce que le commissaire Adamsberg ne pense pas, mais a un don, celui de voir dans les brumes...
Dans la foulée de cette affaire réglée, c'est à une tout autre affaire qu'il va se consacrer, incidemment, au risque de susciter l'incrédulité d'une partie de son équipe, justement en raison de sa manière de voir, qu'il attribue à des bulles gazeuses se promenant dans son cerveau...
Il a remarqué que le lieutenant Voisenet avait masqué l'écran de son ordinateur avant de partir et ça l'avait intrigué. En fouillant l'ordinateur de ce collègue, sur la dernière page consultée, il avait vu la photo d'une petite araignée brune, sans nul intérêt apparent
Alors il avait consulté, en les remontant une à une, les pages recherchées par le lieutenant sur la Toile. Il s'agissait d'articles sur les caractéristiques de ladite araignée et d'articles de journaux récents aux titres alarmistes:
Le retour de l'araignée recluse? Un homme mordu à Carcassonne - Faut-il avoir peur de la recluse brune? Un second décès à Orange.
Il faut croire que le mot recluse fait retentir quelque chose en lui parce que, du coup, il s'intéresse à ces morts (qui font le buzz sur les forums) et à l'araignée dont la morsure serait la cause. Or ce qu'il apprend rend suspectes ces morts prétendument accidentelles.
La recluse, comme son nom l'indique, est une araignée qui se cache. Elle est inoffensive. Elle ne mord que si elle y est contrainte et ses morsures ne sont pas mortelles. Il en faudrait un grand nombre, improbable, pour qu'elles le soient...
Alors, le commissaire Adamsberg, à l'insu de sa hiérarchie, enquête avec la garde rapprochée de son équipe, qui sait d'expérience que le patron, avec sa curieuse manière de voir les choses, est capable de résoudre les affaires les plus complexes.
Pour Fred Vargas - et pour son commissaire - les mots ont de l'importance. Quand elle parle de recluses, il faudra assez vite entendre le mot dans ses deux acceptions: celle des araignées et celle des femmes, qui se cloîtraient pour offrir leur vie à Dieu...
Aussi, une fois refermé Quand on sort la recluse, le titre à double sens du livre apparaît-il au lecteur comme un excellent résumé de l'histoire, où l'auteur prend un plaisir venimeux à entraîner le lecteur sur de fausses pistes.
Si le passé des deux victimes, puis des suivantes (il y en aura bien d'autres), lui permet de comprendre assez vite le mobile des meurtres, il faudra au lecteur attendre le dénouement pour comprendre qui les a commis, et, surtout, comment...
Francis Richard
Quand sort la recluse, Fred Vargas, 480 pages Flammarion
Livres précédents de l'auteur:
Temps glaciaires, 496 pages, Flammarion (2015)
L'armée furieuse, 430 pages, Viviane Hamy (2011)