[Critique] BAYWATCH – ALERTE À MALIBU
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Titre original : Baywatch
Note:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Seth Gordon
Distribution : Dwayne Johnson, Alexandra Daddario, Zac Efron, Kelly Rohrbach, Priyanka Chopra, Ilfenesh Hadera, Jon Bass, Yahya Abdul-Mateen II, David Hasselhoff, Pamela Anderson…
Genre : Comédie/Action
Date de sortie : 20 juin 2017
Le Pitch :
Pour Mitch Buchannon et son équipe de sauveteurs rien ne compte plus que de protéger les baigneurs qui tous les jours viennent profiter de l’océan. Un jour, le supérieur de Mitch lui impose le fougueux Matt Brody, une tête brûlée qui va mettre à mal la synergie du groupe. Pendant ce temps, un dealer entend de faire de la baie son terrain de jeu, obligeant Mitch et les siens à sortir de l’eau pour passer l’action…
La Critique de Baywatch – Alerte à Malibu :
On ne va pas se mentir : cette adaptation de la série TV culte Alerte à Malibu, on l’attendait avec impatience. Friands de ce genre de déviance à la 21 Jump Street, qui s’est imposé, tout comme sa suite, comme l’une des plus belles réussites du genre, nous voulions croire en Seth Gordon, qui se réclamait justement de cette influence, pour assister au final à un spectacle léger et estival, un peu trash et divertissant comme le cinéma américain sait parfois si bien les emballer. Malheureusement, malgré des espérances plutôt légitimes et raisonnables, Baywatch est parvenu à surtout s’imposer comme une déception. Comme la somme d’un grand nombre d’erreurs et de fautes de goût qui au final, nuisent à son impact et à sa propension à incarner des intentions pourtant pas super ambitieuses…
Cours Yasmine ça t’donne bonne mine !
Très rapidement Baywatch se réfugie derrière les gimmicks de la série autrefois portée par David Hasselhoff : les mecs et les nanas courent sur la plage au ralenti, un gars manque de se noyer, il est sauvé, l’héroïsme est bien exacerbé et se profile une intrigue qui va obliger les sauveteurs à sortir du cadre strict de leur fonction. Plutôt fidèle au cahier des charges de la série, Baywatch le film cherche néanmoins à aussi exister par lui-même. Les noms des personnages sont inchangés mais l’action se déroule en Floride et non à Malibu. Fondamentalement, ça ne change rien mais ça rend le sous-titre français extrêmement gênant et pour le moins débile. Un peu comme si on faisait un film Walker Texas Ranger à Mexico… Ça commence mal.
Pour autant, malgré l’aspect foutrement bancal, on a envie de laisser une chance au long-métrage. Les acteurs sont sympas et bien gaulés, les actrices sont canons, personne ne semble vraiment dirigé mais ce n’est pas grave. On met de côté les réserves et on tente de profiter du spectacle. Mais c’est de plus en plus difficile tant Baywatch s’évertue à miser sur un humour très vulgaire et pas toujours drôle. Un peu comme si le défi consistait à placer les mots clés bite, couille, nichon le plus de fois possible, y compris quand ça n’a aucune raison d’être. Rien à voir avec les productions et les réalisation de Judd Apatow ou des films comme Zack et Miri font un porno, qui assument une certaine vulgarité mais qui ne sont jamais vraiment gratuits non plus. Là, c’est hyper gratuit ! Un mec se coince la teub dans une chaise longue, on voit le pénis d’un macchabée, il y a des blagues sur les seins des actrices, les culs sont filmés abondamment, et Zac Efron fait parler ses testicules. La majorité des fois ça tombe à plat et parfois, au mieux, c’est amusant. Baywatch est donc bel et bien trash mais au fond, cela ne lui apporte rien. Comme quoi, même les blagues de cul demandent un certain talent pour sonner avec justesse… Ce dont on ne doutait pas quoi qu’il en soit. Bref…
Sea, sex sex sex and sun
L’autre gros soucis avec Baywatch, c’est sa mise en image. On savait que Seth Gordon n’était pas un foudre de guerre, mais Comment tuer son boss ? et Arnaque à la carte faisaient le job. Là, le gars a vraiment salopé le boulot. Rarement un film de ce calibre (comprendre, doté d’un budget plus que confortable, porté par des stars et propulsé par une promo XXL) n’aura « bénéficié » d’une production design aussi crade. Passons sur l’action pas super lisible, sur le montage aux fraises et sur les différentes approximations formelles pour nous arrêter sur les effets-spéciaux, scandaleux au possible. Il faut voir la scène du yacht en feu pour s’en convaincre ou, encore mieux, la séquence durant laquelle Dwayne Johnson et Zac Efron sont sur un bateau. Plutôt que de tourner sur l’océan, comme au bon vieux temps, Seth Gordon a préféré planter ses acteurs sur un bateau, dans un studio, devant un vieux fond vert des familles. On ne parle pas d’un gorille géant qui dévaste une ville ou de dinosaures, mais de deux hommes sur un rafiot. Il ne se passe rien de spécial et pourtant, même ça ils arrivent à nous le saloper. Forcément, en toute logique, il ne faut pas être surpris quand les scènes qui requièrent un certain savoir-faire au niveau des effets soient logiquement dégueulasses. Un comble étant donné que, si on replace un minimum les choses dans leur contexte, la série faisait preuve d’un peu plus d’application dans sa mise en image. Et on parle d‘Alerte à Malibu et pas d’un truc chiadé comme Twin Peaks ou Lost.
Alerte à Malibu Coco
Bilan : Baywatch ne doit son salut qu’à ses acteurs. Pas forcément pour de bonnes raisons, même si il convient de souligner le talent de Dwayne Johnson, Zac Efron et Alexandra Daddario, souvent impeccables, car ici, ils sont surtout là pour nous montrer leurs formes parfaites et nous faire les yeux doux. Est-ce que ça marche ? C’est l’été, il fait chaud, on va au cinéma pour profiter de la clim, alors oui, avec un peu d’indugence, ça peut marcher et on peut voir Baywatch comme une sorte de défilé permanent de canons. Et on ne parle même pas de la remplaçante de Pamela Anderson, Kelly Rohrbach, qui est aussi l’aise quand il faut courir au ralenti que dans la comédie. Bonne nouvelle donc…
Des comédiens physiquement investis, qui parviennent à sauver les meubles de justesse, armés d’un important capital sympathie. Cependant, ils ne peuvent rien pour rattraper le pire caméo depuis des lustres, à savoir celui de Pamela Anderson, quand David Hasselhoff fait le minimum syndical mais s’avère assez amusant. Après, à chacun de voir si le côté putassier, peu inspiré et outrancier de la chose passe ou ne passe pas. Comme ce truc vieux comme le monde d’avoir mis dans l’équipe des sauveteurs un type un peu grassouillet, le comique de service, qui enchaîne les gaffes et qui s’y connaît en informatique. Le genre de truc qu’on a vu tant de fois, qu’on se demande comment les scénaristes osent encore nous le sortir. Mais vu que dans Baywatch les ordinateurs font plein de bruits rigolos comme dans les films américains des années 80, ce n’est guère surprenant…
En Bref…
Quelques blagues efficaces surnagent dans un océan de vulgarité forcée, de courses au ralenti et d’action mal fagotée. Merci aux acteurs qui sauvent de justesse les meubles. Baywatch boit la tasse.
@ Gilles Rolland
Crédits photos : Paramount Pictures France