Né en 1971, Jan Wagner a fait des études de littérature anglaise (Hambourg, Dublin, Berlin). Co-éditeur de Die Außenseite des Elementes (1995 bis 2003), traducteur de poésie de langue anglaise (notamment Matthew Sweeney), il vit de sa plume depuis 2001 en assurant son existence essentiellement grâce à la poésie, la traduction de poésie et la critique littéraire. Les poèmes de Jan Wagner ont été traduits en 30 langues. En 2001 paraissait son premier livre de poèmes, Probebohrung im Himmel. Vinrent ensuite Guerickes Sperling (Berlin 2004), Achtzehn Pasteten (2007), Australien (Berlin 2010) et Die Eulenhasser in den Hallenhäusern (München 2012). Ses livres de poèmes furent récompensés par de nombreux prix et surtout son recueil, Regentonnenvariationen (München 2014), qui lui valut en 2015 le prix de la Foire du livre de Leipzig. Parutions récentes : Selbstporträt mit Bienenschwarm, un choix de poèmes de 2001 à 2015 (Hanser, 2016) et Der verschlossene Raum. Beiläufige Prosa (Hanser, 2017). Jan Wagner vit à Berlin.
Un choix de poèmes fut publié en 2009 aux éditions Cheyne, traduit par François Mathieu : Archives nomades.
En octobre prochain paraîtra l’anthologie bilingue franco-allemande Le Grand Huit, rassemblant des poèmes de Claude Adelen, Carolin Callies, Gérard Cartier, Marion Poschmann, Monika Rinck,Valérie Rouzeau, Hélène Sanguinetti, Silke Scheuermann et Jan Wagner, une coédition Wallstein Verlag et Le Castor astral. (Cf. Poezibao*…..)
Les koalas
tant de sommeil en un seul arbre
tant de boules de fourrure
dans toutes les fourches des branches, une bohême
de paresse qui s’accroche et se raccroche aux cimes
et s’agrippe avec quelques griffes
de grimpeur, ascensionnistes jamais célébrés
au-dessus des terrasses sifflantes
de la forêt tropicale, stoïciens ébouriffés,
bouddhas pleins de poux, plus coriaces que le poison
qui pousse dans les feuilles, préservés des tentations
par leurs oreilles ouatées
dans un recoin de l’univers : pour eux pas
de waterloo, pas question d’aller à canossa.
contemple-les, imprègne-toi d’eux, avant
qu’il ne soit trop tard, ce doux mais pingre
visage, la mine d’un coureur cycliste
juste avant la victoire d’étape, soustrait à la terre ferme,
et pourtant à portée de main leur gris comme éteint
avant que chacun bâille à nouveau, s’étire
et s’abîme en un rêve d’eucalyptus.
(traduction : Alain Lance)
koalas
so viel schlaf in nur einem baum,
so viele kugeln aus fell
in all den astgabeln, eine boheme
der trägheit, die sich in den wipfeln hält und hält
und hält mit ein paar klettereisen
als krallen, nie gerühmte erstbesteiger
über den flötenden terrassen
von regenwald, zerzauste stoiker,
verlauste buddhas, zäher als das gift,
das in den blättern wächst, mit ihren watte-
ohren gegen lockungen gefeit
in einem winkelchen von welt: kein water-
loo für sie, kein gang nach vanossa
betrachte, präge sie dir ein, bevor es
zu spät ist – dieses sanfte knauser-
gesicht, die miene eines radrennfahrers
kurz vorm etappensieg, dem grund entrückt
und doch zum greifen nah ihr abgelebtes
grau – , bevor ein jeder wie du gähnt, sich streckt,
versinkt in einem traum aus eukalyptus.
(extrait de Regentonnenvariationen, Hanser, 2014)
Photo Alberto Novelli-Villa Massimo.
*Deux articles sur le Grand Huit
(reportage) Huit poètes d’Allemagne et de France, par Alain Lance
(reportage) Huit poètes d’Allemagne et de France, par Alain Lance, 2