On était un peu déçu par Unconditionnal, le premier extrait de Wake Up Now, prochain album de Nick Mulvey. Trop épuré. Trop " Curucucu ". Trop je me repose sur mes beaux acquis. Après trois ans d'absence, le Britannique n'avait pas le droit à trop d'erreurs.
Il se rattrape haut la main, avec un deuxième extrait intitulé Myela. 5 minutes et 37 secondes déjà beaucoup plus intéressantes musicalement et textuellement. " Myela " raconte les milliers d'immigrés qui risquent leur vie pour s'enfuir de leur pays et espèrent atteindre une terre d'accueil provisoire, loin des conflits et de la violence quotidienne. Notamment cette Soudanaise de 21 ans, enceinte qui par miracle est arrivée jusqu'à Lampedusa et prie pour ne pas être renvoyée dans son pays d'origine pour le bien de cet enfant qu'elle attend, ou encore ceux qui préfèrent mourir en mer plutôt que de risquer de mourir chez eux tous les jours à petit feu...
Comment ne pas se sentir concerné alors que la France est l'un des pays européen qui accueille le moins de réfugiés, délivre si peu de demandes d'asile et que le Front national n'était pas loin de passer au deuxième tour des élections présidentielles en fondant sa campagne sur ce sujet polémique ?
La première partie de " Myela " est sombre, comme ces eaux où meurent tous les jours des centaines de personnes qui fuient la misère ou la guerre. la deuxième partie de Myela emprunte des sonorités africaines et orientales, avec ces chœurs qui entonnent " I am your neighbour, you are my neighbour ", et nous rappellent que nous sommes effectivement tous voisins, tous des hommes, et que nous serions bien heureux de trouver des pays accueillants et des personnes bienveillantes si nos pays étaient gouvernées par des tyrans, nos villes détruites et nos proches décimés. Nick Mulvey vise juste. Il n'est pas dans le pathos. " Myela " nous encourage à ne pas oublier, à ne pas faire semblant de ne pas voir. Et à agir à notre échelle.
Wake Up Now, sortie le 8 septembre (Caroline International).