Titre original: The Girl Before
Auteur: JP Delaney
Edition: Fayard - 2017 - 428 pages
Quand j'ai commencé La Fille d'Avant je m'y suis plongé corps et âme. Un couple (avec la fille d'avant) et une fille seule (celle de maintenant) visitent une maison moderne, où le contrat de location semble tout droit sortie d'une dystopie. On suit le point de vue de ces deux femmes meurtries par la vie. Cette nouvelle maison semble être l'occasion d'un nouveau départ. Mais pour cela il va falloir suivre les règles du propriétaire, les unes plus étranges que les autres.
Vous qui aimez acheter des meubles ikea, abstenez vous.
Vous qui laissez traîner vos slips par terre, abstenez vous.
Vous qui possédez un animal de compagnie, abstenez vous.
En clair j'ai déjà résilié le contrat avant de l'avoir signé mais heureusement que les personnages ne sont pas aussi faibles que moi. Et toi Tix tu as aimé la visite ?
" Pour Simon, fou de gadgets, l'idée d'habiter dans une maison que l'on peut contrôler depuis son portable, c'est comme si on réunissait tous ses plus beaux cadeaux d'anniversaire en un seul. "
Comme Simon (le mari de la fille d'avant), la maison décrite dans le livre s'approche de ma maison de rêve. Elle constitue un cadre mystérieux que l'on découvre à mesure que les points de vue s'alternent à chaque chapitre. Le début du roman, qui commence par les visites respectives, est d'ailleurs particulièrement réussi. Mais il arrive un moment où cette alternance apporte de la redondance. Une scène de sexe répond à une scène de sexe, et les relents de New Romance n'aident pas la lecture. New Romance, parce que le propriétaire de la maison s'érige peu à peu en sociopathe dominateur, magnat du monde de l'architecture.
Des scènes de sexe désespérantes et inutiles. Au bout d'un certain temps j'ai frisé l'overdose ayant une vague impression que le thriller passait d'un cadre superficiel et froid à un pseudo roman érotique. Ainsi au lieu d'utiliser la tension sexuelle pour consolider le syndrome de Stockholm l'auteur préfère satisfaire un lectorat post Cinquante Nuances de Grey. Je me suis peu à peu déconnecté de cette lecture qui démarrait pourtant sous les meilleurs auspices. Mais passé ce coup de mou au milieu de roman, je me suis laissé porter par l'enquête, tout de même assez classique.
Le suspense ne fonctionne pas trop mal avec le lecteur, on se prête facilement au jeu. Ultime satisfaction, la révélation sur la véritable fille d'avant (le bébé mort-né de Jane avant l'histoire) recentre agréablement la psychologie du roman sur cet unique personnage : surmonter le deuil, avorter ou non d'un enfant malade... Une aubaine, tant j'ai trouvé le personnage d'Emma détestable !