Un drapeau flotte dans l’air bleu transparent et le vent, le vent s’insinue lascif et ondulant entre les aiguilles sèches du grand pin, dehors, derrière le balcon. En face, dans les grands arbres, les feuilles en troupeaux imitent le vol d’un nuage d’étourneaux.
Dimanche et on dirait la mer.
Tous les chants des oiseaux, stridents qui traversent le ciel, ou ronds, remplis d’eau et de soleil, une note, deux notes, trilles horizontales ou verticales, voix de cerises, voix du filet d’eau fraîche, de la fontaine à l’ombre d’un platane en été.
Souvenirs d’une parabole venue du temps où on racontait encore des histoire, l’histoire de ce jeune homme qui ne voulait pas comprendre comment le temps qui passe peut s’arrêter de passer. Un jour, pendant une promenade, il est saisi par un chant qui semble venir de l’intérieur d’un arbre. Il s’assied. Il écoute. Il reste là jusqu’à ce que l’oiseau fatigué décide de s’envoler.
Alors, l’homme se décide à rentrer. Sur le chemin, les gens qu’il croise sont effrayés. Les gens qu’il croise sont des étrangers. Sa maison est bien là mais ce n’est plus sa maison. En se penchant sur une fenêtre pour essayer de voir à l’intérieur, il découvre avec stupeur le reflet d’un visage qu’il ne reconnaît pas.
Le visage du vieillard qu’il est devenu, l’instant d’une vie ou d’une seconde à écouter le chant d’un oiseau inconnu.
Dehors, les oiseaux n’ont pas cessé de chanter.