« Il n’y a de contemporain (…) que ce qui apparaît "dans le déphasage et l’anachronisme" par rapport à tout ce que nous percevons comme notre actualité. Être contemporain en ce sens, ce serait obscurcir le spectacle du siècle présent afin de percevoir, dans cette obscurité même, la "lumière qui cherche à nous rejoindre et ne le peut pas"… se donner les moyens de voir apparaître les luciles dans l’espace surexposé féroce trop lumineux, de notre histoire présente. Cette tâche, ajoute Agamben, demande à la fois du courage – vertu politique – et de la poésie, qui est l’art de fracturer le langage, de briser les apparences, de désassembler l’unité du temps. »
Georges Didi Huberman, à propos d’Agamben, cité par Caroline Sagot Duvauroux in Un bout du pré, Corti, 2017, p. 111