Les Demoiselles d’Arisaig – 1 Daphné par Sarah M. Carr : « nom d’un cul d’Ecossais ! »

Par Ettoitulisquoi @ettoitulisquoi

J’avais remarqué depuis quelques temps ce roman, même avant qu’il soit mis en vente sur le site des Editions Mots en Flots, grâce à sa couverture. Je me rends compte que je marche beaucoup au visuel et ne nous leurrons pas : les maisons d’édition l’ont bien compris et déploient des trésors d’imagination pour nous proposer des couvertures toutes plus belles et attrayantes les unes que les autres ! Ce n’est pas moi qui vais m’en plaindre

Maintenant, j’en profite, je fais ma fière : vous avez une GROSSE surprise en fin de chronique……

J’ai passé commande de ce livre sur le site des éditions Mots en Flots et bonus j’avais un magnifique marque-page assorti au livre, et un gentil mot de l’auteur et ça, ça vaut tout l’or du monde !

Et c’est parti je vous embarque en Ecosse !

L’histoire : Daphné Fraser, une jeune libraire, vit à Arisaig en Ecosse. Arisaig, petite bourgade côtière tranquille où rien ne se passe sans que toute la population le sache, où vous ne pouvez pas bouger le gros orteil sans que votre voisin s’en aperçoive.

Et Arisaig existe vraiment : https://www.visitscotland.com/info/towns-villages/arisaig-p236511

ça ne vous donne pas envie d’y aller ?

Les premiers mots du roman sont « Arisaig, Invernessshire, sur la côte ouest des Highlands écossais. »

Highlands, Highlands…Highlanders : sexy ? = ce qui se passe dans ma tête.

Ne nous égarons pas. Donc, Daphné c’est un peu nous, ou du moins certaines d’entre nous, qui n’a pas eu beaucoup d’amoureux et beaucoup de déceptions. Sa seule famille c’est son grand-frère, Kenneth, qui s’est occupé d’elle depuis la mort de leurs parents, et surtout, il y Fiona, sa meilleure amie, coiffeuse de profession. Fiona tout l’opposé de Daphné, Fiona, une vraie furie, branchée H-24 sur 100.000 volts, mais aussi et surtout une vraie bonne amie pour Daphné, qui répond toujours présente, et qui permet à Daphné de ne pas vivre enfermée dans sa librairie, et de la sortiR de la monotonie dans laquelle elle vivrait sans elle.

Parmi ses amis, Daphné peut également compter sur Jay qui même s’il est un peu gras (dans tous les sens du terme) et un peu ours, est toujours plein de bonnes intentions; et enfin Erin, qui n’apparaît que très peu dans l’histoire, mais que j’ai trouvée mystérieuse, et qui je pense mérite largement un tome !

Un jour, en allant comme à son habitude au bar de Jay, Daphné voit un homme seul assis dans son coin. Un homme qui n’est pas d’Arisaig, et dont elle tombe immédiatement sous le charme avant même de lui avoir parlé : coup de foudre ou coup de cœur donc. Et cet homme va devenir une obsession pour Daphné jusqu’à ce qu’elle fasse réellement sa connaissance. Cet homme se nomme Neil McCallum alias « Apollon » comme l’appelle Fiona ce qui en dit long sur lui. Il est un homme d’affaire puissant et est venu passer quelques temps à Arisaig pour fuir ses problèmes, car sous le vernis de l’homme ultra canon qui vous donne envie de baisser votre culotte, il y a un homme avec de gros mais vraiment GROS………………………………………………. secrets gênants et encombrants.

L’extrait : « Elle était occupée depuis plusieurs heures à remettre de l’ordre dans sa réserve, en prévision de la livraison qu’elle attendait, quand elle entendit sonner le carillon de l’entrée. Elle cria bien fort – afin que le client providentiel, ou le livreur qu’elle attendait et qui était en retard, ne rebrousse pas chemin :

-J’arrive dans une minute ! Ne partez surtout pas !

-Très bien ! J’attends…

De l’endroit où elle se trouvait, Daphné ne reconnut pas la voix qui venait de lui répondre. Elle en conclut qu’il s’agissait sûrement d’un nouveau livreur travaillant pour l’un des éditeurs auprès desquels elle se fournissait.

-Veuillez me pardonner, finalement la minute se transforme en deux ! Je suis désolée, mais fout…heuuu… ces fichus cartons entravent le passage ! Elle précisa encore en hurlant : j’arriiiiive !

Progressant péniblement, elle proféra peu après un juron tout à fait indigne d’une jeune libraire. Toutefois, comme elle s’exprimait toujours à voix basse, elle ne s’inquiéta à aucun moment de la vulgarité du terme qu’elle venait d’employer pour qualifier sa réserve. Elle se dépêtra tant bien que mal de l’amoncellement de vieux cartons poussiéreux qu’elle n’avait pas encore eu le temps de ranger, puis se dirigea aussi vite qu’elle le put vers la boutique, oubliant totalement de rajuster sa mise. Elle se cogna alors un tibia contre le tabouret en ferraille qui lui servait à atteindre les étagères les plus hautes et laissé en travers du chemin.

-Merde ! maugréa-t-elle en se massant la jambe, toujours certaine d’être hors de portée de voix. Fichu tabouret, tu ne pouvais pas retourner à ta place ?

Et lorsqu’elle déboula ainsi dans la boutique, sautant sur un pied tel un kangourou ridicule et mal fagoté, Daphné éprouva instantanément une furieuse envie de pleurer…

L’homme qui se tenait devant elle, négligemment appuyé contre un des rayonnages de sa petite librairie, n’était autre que son bel inconnu.« 

Avouez, maintenant vous avez envie de connaître la suite !

Détails techniques : Editions Mots en Flots – 357 pages – Caractères moyens. Coût : 17 €

Mon avis : 6/7

Une magnifique romance parfaite en toute saison. J’ai été agréablement surprise par le style de l’auteur, on sent clairement l’influence des romances d’une autre époque dans certains dialogues que l’on peut également mettre sur le compte de la pudibonderie britannique ou écossaise en l’occurrence. De fait, il y a un contraste entre notre héroïne Daphné, qui s’exprime toujours avec correction et son amie Fiona qui n’a aucune espèce de retenue. Mais comme dit l’autre : « là où il y a de la gêne, il n’y a pas de plaisir. » Ce contraste est particulièrement saisissant quand là où Daphné va dire : « Infâme gredin« , Fiona elle nous sort : « Nom d’un cul d’Ecossais » et sa variante « Nom d’un cul de Highlander » : j’ai A-DO-RE !

Je me suis donc vraiment attachée à Fiona, peut-être même un peu plus qu’à Daphné. Je suis impatiente de connaître l’histoire de Fiona qui promet je pense des moments épiques !

Un roman fleur bleue à souhait : eau de rose et chamallows qui cible un public bien particulier qui, comme moi, attend ce moment dans les téléfilms romantiques américains où les deux protagonistes vont enfin s’embrasser après s’être cherchés pendant 3 plombes. On sait que ça va arriver, ça ne nous prend pas par surprise, on sait comment ça va se passer, comment ça va se finir et pourtant quand ça se produit c’est toujours toujours un bon moment.

Clairement donc ce livre n’est pas pour les gens comme mon mari dont le plaisir, pendant que je regarde un de ces téléfilms, est de guetter le bon moment pour faire un bruit de succion au moment du baiser. Donc les personnes dans la catégorie 1 (la mienne) foncez ! et les autres : je vous invite à le lire mais je ne sais pas si vous l’apprécierez à sa juste valeur.

Nous la catégorie 1 : nous allons nous y retrouver entres les références à Bridget Jones, à Jane Austen, aux romances historiques, au code de procédure amoureuse (Litec ou Dalloz selon vos préférences), l’héroïne qui n’est pas un canon qui s’ignore mais qui peut être chacune d’entre nous, et le beau-gosse/le mâle à l’aise financièrement avec juste ce qu’il faut d’autorité sans être un macho de base.

Et maintenant : Ne partez pas ! Surprise ! :

Sarah M. Carr, l’auteure, a eu la gentillesse de bien vouloir répondre à 3 questions et je l’en remercie de tout mon coeur ! Les réponses qu’elle y a apportées ont fait que je me suis énormément attachée à elle et je nous trouve beaucoup de points communs : c’est une ancienne juriste et moi je suis toujours juriste (!), et une passionnée de livres. Nous avons aussi un livre très spécial en commun mais je ne le savais pas jusqu’à ce que je lise les réponses à mes questions.

L' »interview » :

Question 1 : pourquoi avoir écrit un roman dont l’action se déroule en Ecosse, est-ce parce que vous y avez vécu ?

Sarah M. Carr : Je venais à peine de terminer « la châtelaine de Mallaig » de Diane Lacombe, qui fut un véritable coup de cœur, lorsque j’ai commencé à écrire les Demoiselles d’Arisaig.
L’histoire de Gunelle et Iain m’a tellement bouleversé, que mon esprit flânait encore dans les paysages sauvages de l’Ouest de l’ Ecosse.
C’est donc, tout naturellement que Daphné y a déposé ses valises

Cela dit, j’ai développé au fils du temps, au travers de mes lectures, un penchant certain pour la culture Britannique… et pour l’Ecosse en particulier !

Moi : alors voilà « la Châtelaine de Mallaig » est également un livre tout particulier pour moi. Ma maman qui avait un abonnement France Loisirs me l’avait acheté pour me changer les idées : j’avais 20 ans et j’étais confinée chez mes parents parce que je m’étais  faite renverser par une moto en me rendant à l’université : 3 dents cassées, un visage tuméfiée, des bleus partout et surtout la peur : la peur de sortir de chez moi, les cauchemars… Comme je traînais chez moi, ma maman m’a donné son catalogue pour que je choisisse ce que je voulais et j’ai vu cette couverture avec cette femme de dos, les cheveux au vent, le tout dégageait une certaine mélancolie et j’étais mélancolique. Ce livre m’a permis de me sortir de tout ça, il m’a fait voyager alors que j’étais dans un cocon, il m’a fait rêver alors que mes nuits n’étaient faites que de cauchemars. J’ai été sauvée par ce livre. Alors quand j’ai vu que Sarah M. Carr l’affectionnait tout particulièrement, j’étais aux anges.

Question 2 : Qu’est ce qui vous a donné l’envie d’écrire ? Un roman ?

Sarah M. Carr : Ce n’est pas un roman en particulier qui m’a donné l’envie de me lancer dans l’écriture mais plutôt l’ensemble des romans que j’ai pu lire dans ma vie…
Pourtant, contrairement à la plupart des écrivains qui se découvrent cette vocation très jeune, moi c’est arrivé relativement tard et un peu par hasard pour ce qui concerne les demoiselles… une chute dans les escaliers, un vol plané qui provoquera le décès de mon ordinateur, une longue dépression, un nouvel achat d’ordi plus tard… et voilà que me vient l’histoire de Daphné… C’est mon tout premier roman abouti mais pas mon premier écrit.
C’est Anna, héroïne bostonienne de la fin du XIXème siècle qui m’a vraiment donné l’envie de me lancer dans l’écriture. J’avais en tête toute l’histoire de cette héroïne d’un genre tout particulier puisque elle est issue d’une famille bourgeoise de la côte est des Etats-Unis qui abandonne une vie confortable au profit d’une vie de liberté dans les contrées sauvages de l’Ouest américain.
Anna est en quelque sorte ma muse…

Question 3 : Peut-on espérer avoir un second livre des Demoiselle d’Arisaig consacré à Fiona ?

Sarah M. Carr : On me dit dans l’oreillette que l’histoire de Fiona est en cours d’écriture et que quelques chapitres sont déjà en boîte…
A-t-elle décidé de mettre fin à ses nombreuses excentricités, son langage châtié et ses tenues d’évadés ? *long soupir de l’auteure*
Il semblerait bien que non

Bonne lecture mes dévoreurs de livres !

Votre DL

Lucie