Après Dom de la Nena et Emily Loizeau l'année dernière, ce sont deux artistes très différentes qui se sont succédé sur la scène des Trois Baudets jeudi soir. Chloé Lacan et LOST, le projet de Camélia Jordana et Laurent Bardainne, offraient un concert de soutien au Gisti, organisme qui vient en aide aux immigrés. La confortable salle des Trois Baudets était comble, et l'ambiance survoltée.
À LIRE AUSSI >> On y était : Dom La Nena + Emily Loizeau aux Trois BaudetsLa lumineuse Chloé Lacan
Chloé Lacan prend place sur scène au milieu de tout un tas d'instruments et entourée de ses deux comparses Nicolas Cloche et Brice Perda. Ensemble ils présentent leur album sorti à l'automne 2015 : Ménage à trois. Le trio se partage d'un morceau à l'autre : un accordéon, un piano, des ukuleles, une batterie, des percus, et des tubas. Leurs trois voix s'entremêlent, notamment lorsqu'ils s'installent tous les trois autour d'un seul micro pour chanter la captivante " Porto Fino ".
Chloé Lacan raconte en français (parfois en allemand et en anglais) des histoires de personnages en marge, ou malmenés par la vie. Entre deux chansons, le regard fixe et incandescent, elle récite des textes poétiques, ou fait des blagues. Le spectacle est théâtral, la salle est attentive et réactive. Chloé Lacan multiplie les hommages : " Sinnerman " de Nina Simone, ou en acoustique " Rock Me More and More " de Colette Magny. Elle quitte d'ailleurs la scène sur ce titre en entraînant à sa suite tout le public hors de la salle pour continuer à chanter tandis que le staff s'occupe du changement de plateau. Généreuse et chaleureuse, poétique et humoriste, Chloé Lacan a tout pour fasciner son public.
LOST, la rencontre pop/hip-hop de Camélia Jordana et Laurent Bardainne
Lorsque Camélia Jordana et ses trois musiciens montent sur scène, le public semble avoir changé du tout au tout. Elle salue les têtes connues et présente rapidement l'origine de ce nouveau projet, qu'elle a monté avec Laurent Bardainne (qui ne peut pas être présent ce soir). LOST est né de la volonté de chanter l'entente et la tolérance entre tous. Et pour cela, elle joue du métissage de la musique et des langues, alternant arabe, français et anglais ; chant trad, pop, électro, hip-hop, etc.
Ce soir elle est accompagnée de deux choristes masculins et d'un autre aux pad et claviers électroniques. Il se dégage de la scène une musique colorée, marquée par une voix de diva et une instrumentalisation urbaine. Le groupe interprète sous les acclamations du public les quelques titres de leur répertoire encore en construction. On reconnaît notamment " Fi 3lemi (mon drapeau) " dont le clip a été réalisé par Camélia elle-même. On reste subjugué par la voix, les rythmes, l'orchestration et la prestance scénique du groupe. Lorsque la diva annonce la fin du set, le public ne cache pas sa frustration. Pour finir en beauté Camélia remonte sur une scène une dernière fois pour chanter, seule et a cappella, " Self Control " de Frank Ocean. Chapeau bas.
Pour plus d'informations sur le Gisti : gisti.org
Photos : Jeanne Cochin