Cette maladie rare dont on parle peu qui touche les glandes, puis les muqueuses, la peau, les articulations ou encore l'appareil respiratoire ne dispose pas encore de thérapie ciblée. Cette étude présentée aujourd'hui au Congrès européen annuel de rhumatologie, EULAR 2017, qui identifie un nouveau déclencheur du syndrome de Sjögren ouvre donc un immense espoir pour les patients et leurs familles.
Le syndrome de Gougerot-Sjögren est une maladie auto-immune systémique rare (1/10.000 adultes) avec un sexe ratio F/H de 10/1. La maladie se développe en général à la cinquantaine, en raison d'une infiltration de certaines glandes (dont lacrymales et salivaires) par des lymphocytes. La diminution des sécrétions peut entraîner au niveau ophtalmique des sensations de brûlures, de gêne à la lumière ou face aux écrans, et autres complications ophtalmologiques, au niveau salivaire, une sensation de bouche sèche, des troubles de la déglutition voire des infections buccales. Ce syndrome sec peut également toucher les muqueuses nasales, vaginales et la peau. D'autres manifestations systémiques sont également constatées : ainsi, 1 patient sur 2 va souffrir d'atteintes articulaires, avec des symptômes de douleurs diffuses très similaires à celles associées à la fibromyalgie. Certains patients touchés souffrent également du syndrome de Raynaud ou doigts blancs à l'exposition au froid, enfin d'autres de troubles respiratoires pouvant évoluer vers la fibrose pulmonaire. Ainsi, un risque accru de tuberculose (TB) a été documenté chez les patients atteints de SjS, mais la tuberculose ne semble pas accroître le risque de SjS.L'étude a été menée chez 5.751 patients nouvellement diagnostiqués avec SjS et 86.265 témoins exempts de SjS appariés pour l'âge et le sexe. Les patients atteints de polyarthrite rhumatoïde (AR) et de lupus ont été exclus. L'analyse des données de santé révèle
-une association entre l'infection à mycobactéries non tuberculeuses (MNT) et le SjS : ainsi, les patients nouvellement diagnostiqués avec SjS sans autre maladie rhumatismale sont donc 11 fois plus susceptibles d'avoir eu une infection par MNT. Et cette association entre NTM et SjS s'avère plus forte chez les patients âgés de 45 à 65 ans.
-Aucune association n'a été identifiée entre SjS et la tuberculose.
MNT ou SjS, quelle condition précède l'autre ? L'identification de l'infection à MNT comme déclencheur possible de SjS apporte un nouvel espoir de développement d'une thérapie ciblée pour ces patients, commentent les auteurs : Parce que le SjS se développe de manière insidieuse, nous ne pouvons pas exclure la possibilité qu'il précède l'infection à MNT. Dans cette étude, parmi les 7 patients atteints d'une infection par MNT diagnostiqués avec SjS, 3 ont reçu le diagnostic d'infection à MNT dans les 3 mois suivant l'inclusion dans l'étude. Cela suggère la coexistence fréquente des 2 maladies. Les 4 autres patients ont été diagnostiqués avec SjS en moyenne 3 ans après l'infection à MNT.
Surveiller et détecter le SjS chez un patient infecté antérieurement par NTM pourrait permettre un diagnostic et un traitement plus rapides du syndrome dont la prévalence dans le monde est tout de même estimée à 0,2% de la population adulte.Retrouvez toute l'actualité scientifique et médicale en Rhumatologie sur